BASA

138 H. Passerin d'Entrèves garantir le nouveau royaume national contre une attaque française. Même plus tard, l'hostilité française (et il ne s'agit plus seulement des catholiques, cette fois) toujours latente tend à empêcher un rapprochement de l'Italie au Vatican, qui aurait trop renforcé le poids de l'Italie au sein de cette même Triple Alliance. Georges Goyau, le grand historien ca– tholique, qui est un témoin assez sûr, aurait confié a Mau– rice Vaussard, catholique comme lui, que l'ambassadeur de France à Rome dans les années du gouvernement de Crispi, était d'accord avec le cardinal Rampolla pour contrecarrer les efforts du pieux bénédictin Tosti, en faveur d'une concilia– zione. Le pape aurait effectivement désavoué le bon moine, qui avait déjà causé avec Crispi, en 1887, en jugeant, paraît– il, que devant l'opinion des catholiques des autres pays, et surtout de la France, il aurait eu l'air de se présenter comme l'aumônier de la Maison de Savoie. M. Vaussard nous rap– pelle encore, dans son ouvrage sur la fin du pouvoir tempo– rel des papes, qu'au temps de sa jeunesse il n'était guère de cérémonies religieuses à Montmartre dans laquelle on n'enten– dît retentir cette strophe lamentable, qui défigurait la beau– té du cantique« Pitié mon Dieu »: « Pitié mon Dieu, sur un nouveau Calvaire / Gémit le Ghef de votre église en pleurs/ Glorifiez le successeur de Pierre / par un triomphe égal à sa douleur». Ces outrances ont beaucoup nui au catholicisme fran– çais de cette époque, qui pourtant comptait dans son sein de grands spidtuels, tels que le père Gratry, et qui commen– çait à se tourner vers ces classes laborieuses qui avaient été la proie de la déchristianisation, depuis longtemps. Mais il y a un résidu de la tradition du légitimisme et du tradition– nalisme contrerévolutionnaire qui rend encore difficile l'ex– pansion de cette action sociale au-delà d'une ambiance (je dirais presque d'un ghetto) confessionneHe; nous le consta– tons à l'occasion de certains pèlerinages d'ouvriers catholiques français à Rome qui auraient dû tenir allumé cet esprit de