BASA

146 T. Omezzoli lors, la baisse du niveau intellectuel et moral que la partito– cratie a provoquée dans la vie régionale et l'étroitesse de vues de la majeure partie de la classe politique valdôtaine, ont progressivement transféré la gestion de l'autonomie du plan de l'initiative à celui de la survie pure et simple. Les valeurs régionales, proposées non sans lassitude aux valdôtains et aux immigrés, dans un langage grandiloquent et creux, se sont rapidement usées, jusqu'à être jugées inexistantes et même fausses. Or, une série de symptômes nous ont porté à croire qu'il n'en est pas ainsi. Encore une fois le mot « symptôme » révèle exactement tout à la fois l'ampleur de nos doutes et la multiplicité des directions que le développement valdôtain peut suivre. Il ne s'agit évidemment pas de doutes paraly– sants, mais bien d'une analyse humble et concrète des ris– ques et des chances, des limites auxquelles la région est sou– mise; trop souvent une cécité frauduleuse ou naïve a été la cause que la région s'est mise en marche ·sans savoir où elle allait, ce qui a provoqué l'échec de ses tentatives et une réel– le division en groupes fortement hétérogènes, sous le dehors d'une unité superficielle, administrative et économique. Ce manque d'interprétation et de valorisation de l'élan régionaliste valdôtain est à l'origine de plusieurs faits: une gestion politique liée aux impératifs de la clientèle électorale, l'inexistence d'une véritable classe intellectuelle, la provincia– lité et l'absence de productivité de la culture régionale (la Vallée d'Aoste est actuellement consommatrice et non pro– ductrice de culture, et le rayonnement de ce qu'elle produit est très modeste; elle fait .l'objet d'études, elle est un phéno– mène mais n'a pas de vie culturelle active). Tout cela peut se résumer en un mot: la sclérotisation des valeurs et de la vie régionale. Bref, on dirait que nos ressources culturelles ne sont pas à même, actuellement, de fournir une alternative aux modèles qu'impose la civilisation de consommation.