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Commémoration de M. Ernest Page 11 C'est dans cette atmosphère que se situe un épisode dans lequel Ernest Page mit en oeuvre une admirable et courageuse résistance passive aux prépotences des autorités fascistes. Celles-ci désormais déchaînées dans ,leur intolérance de toute manifestation de la minorité francophone de la Val– lée d'Aoste, songèrent à faire effacer une inscription en lan– gue française, qui subsistait, assez innocemment d'ailleurs, sur le portail de l'Asile Monseigneur Jourdain à Aoste. C'est ainsi qu'eut lieu une vraie offensive de la bureaucratie pape– rassière fasciste afin de réaliser ce but. Ernest Page, en sa qualité de secrétaire de l'établissement, fut l'autre protago– niste de cette histoire. La querelle avait commencé en 1929, à coups de lettres. En 1934, sur une intervention personnelle du préfet d'Aos– te, l'évêque, président de l'Asile, se vit cependant contraint d'acquiescer aux désirs des iconoclastes, pro bono pacis. Mais il avait fallu cinq ans à la prépotence fasciste pour arri– ver à bout de la résistance passive opposée par notre Ami et parvenir à faire effacer une modeste inscription en langue française. Nous avons là une démonstration du fait que quand il n'y avait pas de complicité plus ou moins intéressée, quand il n'y avait pas de servitude ou de conformisme, les tyranneaux fascistes avaient bien du fil à retordre ! Pendant que les autorités fascistes s'acharnaient contre les vestiges de la langue française en Vallée d'Aoste, dans l'ombre quelques bons Valdôtains suivaient attentivement ces actes de vraie persécution et en tenaient bon compte, dans l'espoir qu'un jour ~ls auraient pu en demander raison à leurs auteurs. Ernest Page nota consciencieusement toute atteinte contre nos droits linguistiques dans un précieux cahier. J'ai eu soin de transcrire la plupart de ces précieuses notes. Je pourrais vous les lire, si le temps me le consentait. Je suis convaincu, toutefois, que vous n'avez .pas de peine à vous rendre compte dans quel état d'esprit notre ami se voyait impuissant à s'opposer à l'activité des iconoclastes fascistes. En janvier 1939, quand la gallophobie avait atteint son pa-