BASA

18 A. Zanotto Si nous devons appeler les choses par leur nom, il faut bien dire qu'Ernest Page en avait de l'audace pour pronon– cer ces phrases en 1934, en pleine dictature, quand beaucoup pliaient servilement le dos et d'autres ne trouvaient pas le courage de s'opposer aux persécuteurs de la langue mater– nelle des Valdôtains ! Notre ami n'était pas de ceux qui ont de la facilité à écrire. Sa contribution personnelle aux bulletins de notre So– ciété n'est donc pas très importante. Elle l'est beaucoup plus par les travaux dont il encouragea la publication ou la réédi– tion, tels que : la plaquette de François-Gabriel Frutaz sur Les origines de la langue fran çaise en Vallée d'Aoste; ]ean– Baptiste de Tillier et ses travaux historiques par le même auteur; la biographie d'Emile Chanoux par Joseph Bréan. Je vous rappelle encore qu'il soigna la troisième édition de !'Historique de la Vallée d'Aoste par Jean-Baptiste de Tillier, cette oeuvre monumentale de l'historiographie valdôtaine. Le rôle d'Ernest Page dans le secteur de la culture ré– gionaliste, et donc de l'Académie Saint-Anselme dont il fut le zélé vice-président de 1947 à nos jours, fut surtout celui de leur redonner de l'élan en cherchant de passionner à l'é– tude du passé les nouvelles générations. Et si notre culture et notre Société peuvent compter sur des forces jeunes - dont quelques-unes sont représentées aujourd'hui dans cette salle - elles le doivent justement à Ernest Page, qui a su être un bon semeur, sur l'exemple des Trèves, des Chanoux et des Bréan. TI TI Je m'aperçois que j'ai fait jusqu'ici une évocation d'un moment historique plus que d'un protagoniste de cette his– toire. Or, vous savez, le sujet de l'histoire est par nature l'homme. Comme l'a dit Marc Bloch, ce sont les hommes que l'histoire veut saisir. Qui n'y parviendrait pas ne serait jamais, au mieux, qu'un manoeuvre de l'érudition. Le bon historien,

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