BASA

30 J. Prieur II - LA COLONIE D'AOSTE A la différence de Suse, sur la Doire Ripaire, cité indi– gène qui se romanise peu à peu, Aoste, sur la Doire Baltée, est une colonie, c'est-à-dire une ville romaine fondée de tou– tes pièces. A côté des organisations urbaines pré-existantes, Rome créa souvent de véritables villes en fondant des colonies. Au– guste (R.G., XXVIII), confirmé par Suétone (Aug., XLVI) nous apprend qu'il fonda 28 colonies en Italie: parmi celles– ci, nous retenons Turin en 28 av. J.C. et Aoste en 25 av. J. C., l'une et l'autre ayant pour but de barrer l'entrée de l'Ita– lie, au débouché des cols du Genèvre et des Petit et Grand– St-Bernard. La colonie est en effet un véritable camp mili– taire. L'établissement d'une colonie résultait donc d'un acte de l'autorité publique . Un fondateur était désigné: il choi– sissait le terrain (pour Aoste, d'après Strabon VI, le terrain choisi est celui du campement militaire lors de la conquête). Puis le fondateur, ayant pris possession du sol, traçait le plan de la ville (opération effectuée au moyen de la « gro– ma », permettant de viser le soleil levant), allotissait les îlots urbains et les champs aux alentours. La colonisation était donc une mesure brutale, compor– tant la dépossession et l'éviction des indigènes. Auguste (R.G., XVI , 1) se vante, comme d'une innovation généreu– se, d'avoir le premier racheté aux possesseurs primitifs le terrain qu'il livrait à ses colons. A Aoste, après sa victoire en 25 av. J.C., A. Terentius Varro réduisit en esclavage, sinon la totalité des Salasses, comme le rapporte Strabon, du moins une grande partie d'en– tre eux, les faisant vendre sur le marché d'Ivrée. La colonie romaine ne pouvait faire le vide autour d'elle: elle avait be– soin des indigènes. Les inscriptions signalent à côté des " co– loni" des "incolae" qui ne peuvent être que les indigènes:

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