BASA

32 J. Prieur sont encore conservées: la porta praetoria sur la route d'Ita– lie, et la porta principalis dextra au sud vers la Doire. De la ville romaine proprement dite, il reste peu de vestiges de maisons privées, mais subsistent en grande partie les monuments publics, qui font l'intérêt et l'originalité de l'archéologie à Aoste. L'ancien forum conserve les fondations d'un temple et contient dans le sous-sol trois galeries souterraines se cou– pant à angle droit: les côtés ouest et est de l'édifice souter– rain mesurent chacun 89 m et le côté nord 80 m. Les gale– ries, étayées par des murs puissants sont constituées chacune de deux couloirs parallèles voûtés en berceau et larges de 3,5 m; elles sont éclairées par de petites fenêtres ouvertes à 2 m au-dessus du sol. C'est ce qu'on appelle les « crypto– portiques »: de semblables monuments romains se retrou– vent à Narbonne, à Arles, à Reims, à Bavai; mais leur des– tination pose des problèmes qui sont loin d'être résolus. L'édifice d'Aoste devait remonter aux premiers temps de la colonie: bien qu'il représente l'encadrement d'un péribole de temple, il est très proche des cryptoportiques d'Arles. C. Promis n'hésite pas à y reconnaître un magasin d'armes et de ravitaillement pour la population d'une région pauvre et d'une garnison installée dans une région peu sûre. Ce dernier point de vue présente quelques difficultés à cause du carac– tère monumental de l'ensemble, de la présence d'un édifice religieux au centre du forum et de beaucoup d'autres raisons. D'ailleurs les monuments d'Aoste et d'Arles sont bien diffé– rents des horrea de Rome et d'Ostie que nous connaissons. Aussi a-t-on supposé que, pour délimiter une place sur un terrain irrégulier et en pente, les architectes ont construit des doubles galeries en partie souterraines, servant à niveler le sol. De toute façon, ce monument imposant est un bon exem– ple de l'architecture augustéenne et nous montre que, jus– que dans nos montagnes alpines, les Romains avaient le sou– ci de la grandeur.