BASA

La colonie d'Aoste et le municipe de Suse 37 1802 deux torses cuirassés envoyés à Paris et restaurés (sur l'un des deux on plaça la tête de Bonaparte; rendus en 1815, ils se trouvent aujourd'hui au Musée Archéologique de Tu– rin). Ces murs, qui subsistent encore aujourd'hui, sont bien différents de ceux d'Aoste et ressemblent aux murailles gal– lo-romaines du troisième siècle: de forme circulaire, avec de nombreuses tours, ils ne protègent que le centre de la cité. Si les différences entre la colonie et le municipe sont surtout sensibles au début de l'occupation romaine, par la suite elles s'atténuent rapidement, car dans les municipes, le processus de romanisation est rapide. Dès le premier siècle, on voit apparaître à Suse des duumvirs, ainsi qu'une assem– blée de décurions, qui est un petit sénat local. Quant aux noms de personnes, les noms gaulois sont assez vite rempla– cés par des noms romains: de même que Cottos devient M. Julius Cottius, Parrio par exemple devient T. Parridius Gra– tus. A l'image de Rome, qui demeure la cité modèle, Suse comprend une société strictement hiérarchisée: les citoyens romains (gouverneurs et bourgeois municipaux) forment une couche supérieure; puis la masse des provinciaux comprend une classe supérieure, celle des magistrats qui au terme de leurs fonctions obtiendront le droit de cité; l'ensemble des hommes libres habitant la cité ont le droit latin; les affran– chis et les esclaves forment une classe inférieure. La religion officielle de Rome, introduite dès le début de l'occupation, jouit de l'appui des pouvoirs publics: les principales divini– tés (Jupiter, Apollon, Mercure, etc.) ont, sinon des adeptes, du moins des temples et des prêtres; le culte provincial à l'empereur divinisé était rendu à Suse par un flamine d'Au– guste. Aussi, après l'édit de Caracalla qui, en 212, accorde le droit de cité à tous les habitants de l'empire, la distinction entre colonie et municipe a complètement disparu et, dans le monde romain, il n'y a plus que des villes romaines.