BASA
Les familles Bich et Scala 135 francs et ce fut un véritable coup de massue porté à leur fortune. Une foule de créanciers se rua sur la famille après le krach. L'avocat Vic– tor ne survécut pas à tel désastre; il mourut à Châtillon le 15 décem– bre 1847, à l'âge de 65 ans. Victor Bich laissait à ses trois enfants un bien pénible héritage, des dettes immenses et plusieurs procès en cours, entre autres celui avec M. Cantara, propriétaire des usines de Hône et Pont-Bozet. Tous les biens de l'avocat Bich furent mis aux enchères et vendus à diffé– rents particuliers. La maison Bich se remplit d'huissiers portant d'in– nombrables citations, de grands et petits créanciers. 29 La personnalité de Victor Bich a formé l'objet d'appréciations dif– férentes: d'aucuns l'ont jugé un homme peut-être trop catégorique et manquant de souplesse, mais loyal, honnête, chevaleresque, rigoriste même. Tel, évidemment, le portrait qui jaillit de l'Abrégé de son fils François. D'autres - d'après ce que rapporte impartialement Fran– çois Bich lui-même - l'ont dépeint comme un caractère hautain et orgueilleux, un esprit chicaneur et amoral, qui à cause de son entête– ment aurait en définitive ruiné sa famille. Il n'entre pas dans notre dessein de formuler un jugement sur cette question épineuse et déli– cate; les sources à notre disposition sont d'ailleurs si peu nombreuses qu'il serait présomptueux de notre part de penser pouvoir en tirer une conclusion quelconque. De même l'accusation formulée à plusieurs re– prises par François Bich dans son Abrégé, concernant l'existence « d'un parti caché et puissant qui à coups de massue ne visait à autre chose qu'au renversement de l'avocat Bich » probablement ne pourra jamais être vérifiée; elle nous paraît plutôt le fruit d'un état d'âme exaspéré par l'amertume et la misère. 30 " François Bich rappelle dans son Abrégé..., ms. cit., p. 53, les derniers tristes jours de son père: « Depuis ces terribles inhibitions l'avocat Bich ne fut plus maître de rien ni dans tous ses biens ni des produits de sa maison et il fut contraint de vivre des charités du public pendant nombre de mois, car qui donnait du pain, qui du sucre et café, qui une bouteille de vin pour le soutien de ce respectable vieillard, d'autres apportaient de la viande et la famille, quoique habituée au vin, ne buvait que de l'eau et cet état de çhoses dura nombre de mois». ' 0 Vers 1848, on alla jusqu'à imaginer un rocambolesque complot où auraient été mêlés les jésuites et la «raison d'état»! D'après une tradition tenue secrète, les deux enfants de Victor, Félix et François, auraient été, en réalité, les fils du plus auguste personnage du royaume. Telle la voix populaire!
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