BASA

136 L. Colliard MARIE-LOUISE-CLAUDINE-CHARLOTTE Christillin, femme de l'a– vocat Victor Bich, naquit à Aoste dans la maison des nobles Biolley, au Bourg St-Ours, le 3 avril 1791. Femme d'esprit, très instruite, douée d'un caractère très doux, elle avait hérité de sa mère, la comtesse Thérèse Mazé de la Roche, une sensibilité extraordinaire et un coeur excellent. De moeurs douces, timide , d 'une piété exemplaire, elle convécut 30 ans avec sa belle-mère Marie-Joséphine, dans une paix constante. Cette dame sut conserver une humeur égale et souriante dans le bon et le mauvais sort. Pendant que la maison de son mari était res– plendissante d 'honneurs et de richesses, elle, toujours humble et dou– ce, ne laissa pas d'accueillir, à Turin et à Châtillon, la fleur de la no– blesse et de la haute bourgeoisie locales. A l'instar de son mari, elle aimait la littérature, la poésie et la musique et jouait de la guitare. A l'époque de la gêne et du chagrin, elle fut la grande consolatrice de sa famille et traversa avec la résignation la plus admirable les lon– gues et cruelles années d 'infortune, toujours la première à s'imposer des privations. Les embarras financiers ne cessèrent point avec la disparition du mari; au contraire ils se multiplièrent de telle sorte que la fortune de cette branche des Bich, qui d'après l'opinion courante était évaluée à un milion environ de lires (chiffre énorme pour ce temps-là) se réduisit pratiquement à zéro. Rien ne put être sauvé en faveur des enfants, De véritables chacals saisirent l'occasion pour donner sans cesse à la veuve et aux orphelins de faux conseils, qui les amenèrent droit à la déroute la plus complète. L'ancienne maison Bich, avec sa vigne et son jardin fut achetée à vil prix par l'évêque Mgr Jourdain et la famille dut s'exiler du toit ancestral et payer un loyer chez autrui. Des personnages influents obtinrent pour Charlotte Bich souffrante une place dans l'asile des veuves nobles à St-Benoît de Chambéry. Elle partit de Châtillon le 2 mai 1858. Après dix ans de séparation forcée, elle revint a Châtillon en 1868, pour y mourir à l'âge de 80 ans, le 24 janvier 1871.