BASA

138 L. Colliard A cause du mauvais état des affaires, l'avocat Victor ne fut pas à même de donner une situation à ses deux fils: Félix aurait voulu deve– nir avocat; François qui, en plus de ses goûts d'antiquaire avait un penchant pour la médecine, aurait volontiers suivi cette carrière, mais il n'en fut rien. Quand les deux garçons furent à l'âge de fréquenter ces cours, la famille n'était plus à même d'envoyer les deux jeunes hommes à l'Université. Leur culture, excellente sous un certain rap– port, mais désordonnée, comme cela arrive aux autodidactes, s'arrêta au stade des études secondaires. Félix fit de son mieux pour empêcher la ruine totale de la famille, mais jeune et sans expérience, il ne parvint pas à sauver une situation qui était, probablement, sans remèdes. Le 7 novembre 1849, la famille Bich dut sortir définitivement de la vieille maison du Bourg où Mgr Jourdain avait hâte de placer les Soeurs institutrices de St-Joseph. Elle alla habiter d'abord la maison Défey, où la famille demeura pen– dant neuf ans et, ensuite, au fond du Bourg, la maison Bordano, où moururent Mme Charlotte et Joséphine. Cette maison ayant été ven– due, les Bich durent en sortir. Ils s'adressèrent alors « a presque tous les propriétaires de maisons au Bourg et au faubourg de Chaméran pour trouver un logement, mais ce fut impossible, tout le monde s'é– tant excusé, comme autrefois St-Joseph et la T.S . Vierge Marie dans la ville de Bathléem ». 31 Finalement, les deux frères recoururent à la charité de Aimé Mes– selod, qui leur céda gratuitement le vieux manoir féodal à moitié ruiné « où il pleut partout et où le vent froid souille de toute part », 32 " Abrégé..., ms. cit., p. 89. 32 «Tous les gens à bon coeur, et ils sont bien nombreux, plaignent nos malheurs. Ils s'exthasient à la pensée qu'une fortune de près d'un million nous ait été enlevée, ils nous plaignent aussi d'avoir presque été chassés du Bourg et réduits à être logés pat charité, dans ce vieux manoir ruiné, dans lequel, pour nous garantir du froid et du vent, nous avons construit une muraille en papier, pour diviser la grande chambre, in– vention spéciale de Félix, basée sur le principe de physique que le papier est mauvais -conducteur de la chaleur. En effet, dans cette chambre à deux divisions en papier .double nous y avons eu bien bon chaud avec notre poële au milieu pour faire feu ... Mais en hiver 1883 François, resté tout seul et trop chagrin de la perte de son cher frère ne demeure plus dans cette chambre et ayant grand besoin de bois pour se chauf– fer, a defait toute la charpente qui retenait le papier et le papier est allé déchiré peu à peu. Ce papier tout déchiré et d'ailleurs noirci par la fumée, François finit par l'en– lever totalement et il fait sa demeure dans la cuisine noire, luisante de fumée où il habite, mange, travaille, et dort, n'allant dans la grande chambre que pour prendre ou

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