BASA
Les familles Bich et Scala 141 en famille, dans des ceps de bois pour les dresser. Il marchait à la renverse, les reins ne le soutenant pas. A force de soins on parvint à le guérir. Il étudia le latin, le grec et l'italien à Turin; le français et un peu d'allemand à Châtillon. Tout en ayant un goût prononcé pour l'his– toire et la médecine, il ne put suivre les cours universitaires. François était l'antiquaire et l'archiviste de la famille: après avoir efficacement aidé son père et son frère aîné à sauver le sauvable (c'est lui qui tenait les registres et les documents de famille), il se vit obligé de s'engager comme copiste chez des notaires de Châtillon. En 1851 il réussit à occuper la charge (alors fort convoitée) d'of– ficer des Postes à Châtillon. Il n'y demeura que l'espace de 7 ans; en 1858 il quitta cette place à cause - paraît-il - d'une cabale politique locale fomentée par les libéraux. «Les Bich - aimait-il à répéter - savent souffrir, mais jamais s'avilir ». «Après cela j'ai été à Aoste pendant environ 8 mois, faisant un peu !'écrivain publique et mendiant quand je n'avais pas à manger ». 35 Ce classique « monsù Travet» se vit réduit en 1877 à quémander l'aumône tous les jours, entouré des huées des enfants, forcé de rester au lit pendant l'hiver jusqu'à midi pour épargner du bois et ne faire qu'un repas le soir! « Je n'étais encore jamais dans ma vie arrivé à ce point », déclarait tragiquement le bon François en achevant, le 10 mai 1883, son Abrégé. « Maintenant moi François - ecrit-il dans les dernières pages de l'Abrégé - je me trouve le dernier de ma famille, pauvre, dénué de tout et mendiant chaque jour mon pain, mais je suis riche en fait de souvenirs du passé. Quel contraste! Que de réflexions, en me rappe– lant d'avoir convécu avec six membres cent fois plus dignes, plus spi– rituels et plus vertueux que moi, et à présent je me vois tout seul, entouré des portraits de la famille et des nombreux papiers et corres– pondances de la Maison! Où est allé ce temps où tout souriait, que je folâtrais avec mon frère et mes soeurs; quand tout le monde nous saluait profondément et que les paysans rencontrant papa lui faisaient de très-profonds saluts! Tout a passé; tout passe, et je passerai à mon tour! » 35 Abrégé..., ms. cit., p. 111.
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