BASA

142 L. Colliard Ce « clochard » avait l'étoffe de l'érudit. Et il a été, en effet, le prototype de ces érudits de village, pas très cultivés mais conscien– cieux, dont était riche la Vallée d'Aoste du temps jadis. Esprits originaux le plus souvent, voltairiens ou sanfédistes selon le cas, ils ont passablement contribué à sauver les mémoires du passé par leurs éphémérides, leurs notes généalogiques, leurs observations qui gisent souvent encore au fond de nos archives paroissiales ou com– munales. Les Mémoires historiques sur Châtillon et le Mandement que François Bich rédigea, de manière définitive, à Aoste en 1862 ne sont pas du tout à dédaigner. Bien qu'ils ne soient pas basés sur des documents de première main, les Mémoires renferment des notices précieuses, qui autrement ne nous seraient pas parvenues. Il en est de même pour ses Brevi cenni storici su Châtillon com– pilés vers 1876-1880 et naturellement pour son Abrégé de l'histoire de la maison Bich. Il n'est pas étonnant qu'après tant d'épreuves et de péripéties, une psychose de persécution semble imprégner l'ouvrage en question; mais dans ses oeuvres proprement historiques, Bich fait étalage d'un bon esprit critique et d'une érudition de bon aloi, fondés principalement sur les données des historiographes valdôtains précé– dents, les Gal, les Orsières, les Christillin, et principalement de J.-B. de Tillier, qui à cette époque était encore parfaitement inconnu au public cultivé, !'Historique demeurant encore inédit. Claude-François mourut à Châtillon à l'âge de 71 ans, le 1er fé– vrier 1888; avec lui s'éteignait la branche cadette des Bich, dont l'his– toire, que nous avons retracée sommairement, semble tirée d'un roman de la Comédie humaine de Balzac.

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