BASA
Inventaire Challant 151 le montre, dans sa maturité, plein d'initiatives et de projets, infati– gable, intrigant même. Son mariage avec Gabrielle de Cumiana ne fut pas la moindre cause de cet heureux changement. François-Maurice avait hérité de son père, le comte Charles-Fran– çois, décédé en 1770, une situation financière désastreuse; les dettes le poursuivront pendant toute sa vie. L'alliance avec la demoiselle de Cumiana fut d'abord envisagée par lui comme un remède à cette situa– tion insoutenable; mais voilà qu'un mariage conçu uniquement dans la perspective de l'intérêt, se transforma bientôt en une liaison senti– mentale qui compta beaucoup dans la modification du train de vie et de l'humour du dernier rejeton des Challant. La mince et très jeune nièce de Vittorio Alfieri 8 sut, avec beau– coup de tact et de persévérance, s'assurer l'estime et la faveur de son mari, qui parvint à éprouver à l'égard de sa femme des sentiments tels à modifier radicalement les penchants moins heureux de son caractère. La naissance de Jules-Hyacinthe en 1795 avait comblé de joie ses pa– rents qui voyaient assurée la continuité de la famille. Celle-ci n'était en effet, représentée, en ce moment-là, que par l'oncle du comte, le baron d'Aymavilles Philippe-Maurice, presque octogénaire, marié à la baronne Victoire Freydoz de Champorcher, de laquelle il n'avait pas eu d'enfants. Le décès du comte en 1796 venait briser brutalement cet équilibre familial. Par son testament du 28 mars 1796, 9 François-Maurice instituait comme héritier universel son fils Jules-Hyacinthe sous la tutelle de Gabrielle de Cumiana, âgée alors de 26 ans. 10 Pour les motifs ample– ment spécifiés dans l'introduction du document que nous allons pu– blier, on procéda, le 14 juin 1796, à l'inventaire des biens du dernier 8 La mère de Gabrielle de Cumiana était la comtesse Julie Alfieri, soeur de Vittorio Alfieri. 9 Nous publions en appendice le testament du comte François-Maurice. 10 En 1814, la comtesse Gabrielle épousa en secondes noces le seigneur Aimé-Louis Passerin d'Entrèves. La dépouille mortelle du dernier comte de Challant fut transportée à Verrès et ensevelie dans la crypte de la chapelle de Challant le 2 avril 1796. Le cha– pitre de St-Gilles, accompagné des curés des environs, se rendit jusqu'à la Grange Neuve pour la levée du corps. Les obsèques eurent lieu more nobilium. Le chanoine Martinet fit à l'église l'éloge du défunt (Cf., [J. BoNo], Les dix siècles de la Prévôté de S. Gilles de Verrès, cit., p. 28). En 1912, on pouvait encore apercevoir, dans le caveau des Challant, à St-Gilles, la bière vermoulue renfermant la dépouille de Fran– çois-Maurice. (Cf. BASA, vol. XX, Aoste 1913, p. 82).
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