BASA

156 L. Colliard C'est qu'il nous permet d'établir, avec exactitude, la consistance du patrimoine de la maison de Challant et sa situation économique, au moment presque de l'extinction de cette famille. Et l'on connaît com– bien de légendes se sont greffées à ce sujet. Le cadre qui se dégage de la lecture de l'inventaire rétablit les pro– portions. On est évidemment loin de la noire misère qui aurait frappé, selon certains auteurs, les derniers descendants de l'illustre maison. Tout de même on peut constater que les temps de l'opulence étaient définitivement passés pour les Challant. Les châteaux, on le sait, ne sont point rentables: bien au contraire. A la fia du XVIIIe siècle, seules la grande propriété foncière ou l'exploitation des mines auraient pu donner une aisance digne de leur rang aux rejetons d'une noble fa– mille. Ce n'était évidemment pas le cas du dernier comte de Challant. Les quelques propriétés à Verrès (Grange Neuve, etc.) et à Chal– lant-St-Victor, les maisons presque croulantes au Bourg de Châtillon, les forges louées à des prix dérisoires à des particuliers, qui les exploi– taient amplement pour leur propre compte, ne garantissaient pas de grandes ressources aux derniers Challant, surtout si l'on compare l'énorme fortune dont jouissaient à la même époque des membres de la noblesse piémontaise ou même valdôtaine (les Vallaise par exemple). Toute proportion gardée, il ne nous paraît pas que les rentes des Challant, à la fin du XVIIIe siècle, aient été supérieures à celles de certaines familles de la moyenne bourgeoisie valdôtaine qui commen– çaient à cette époque-là leur chemin ascendant. Si l'on ajoute enfin que la plupart des biens féodaux étaient en 1796 affranchis et qu'un fatras de dettes gravaient sur la famille, on doit bien se persuader que la situation économique de celle-ci, à la mort de François-Maurice-Grégoire de Challant, n'était pas des plus florissantes. Au décès de l'infant Jules-Hyacinthe, survenue à l'âge de 7 ans, le 2 mai 1802, 25 sa mère, Gabrielle de Cumiana, hérita de tout le pa- 25 A cause d'une indigestion de châtaignes sèches (d'après la tradition). Le pauvre enfant était «souffrant et rachitique» (Cf. F.-G. FRUTAZ, op. cit., p. 90). D'après FRAN– ÇOIS BrcH, Brevi cenni storici di Châtillon, ms. aux Archives de l'Académie St-Anselme, Fonds Frutaz, LI , «A sentire i vecchi di Châtillon morti or sono vent'anni [l'Auteur écrivait ces notes vers 1876] tutti dicevano quanto la popolazione di quel tempo pianse la morte di quel fanciullo erede di un nome illustre, il cui buon carattere faceva sperare un futuro benefattore del paese. I suoi parenti lo avevano ammaestrato a distribuire

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