BASA
Colloque d'archéologie 319 muler l'hypothèse que voici. L'établissement qui était en ce lieu vivait en symbiose depuis la proto-histoire (sépulture des champs d'urnes et poteries campaniennes) avec la petite agglomération du plateau, *Vin– tium, de population indigène dominante et à laquelle il est encore difficile d'attacher les noms d'oppidum et de vicus, mais qui était vrai– semblablement une position forte pour le contrôle du passage, en même temps que sanctuaire du dieu éponyme, Vintius. A son tour, l'établissement du bord du Rhône était placé sur la voie de Vienne à Genève. Le lieu dit « en Brive » du celtique briva, qui signifie pont, placé exactement en face sur l'autre rive, indique clairement qu'il y avait là une tête de pont. Le Rhône cessant d 'être navigable au Parc, au-delà de Seyssel, en raison de gorges très étroites et de la Perte du Rhône à Bellegarde, il était nécessaire qu'il y eût dans cette zone des points de rupture de charge en liaison avec les voies de terre. Il en existait en effet au Regonfle sous Bassy correspondant à la voie de Semine et à celle des Usses, à Seyssel sur les deux rives et à Albigny en direction de Genève par l'itinéraire le plus direct en même temps que le plus facile. Le Regonfle, Seyssel, et surtout Albigny étaient des ports qui tiraient leur raison d'être et leur importance d'une telle position. Le port d'Albigny est clairement attesté par les vestiges ar– chéologiques assez considérables maintenant découverts. Sa position géographique me permet de proposer de voir en lui l'avant-port de Genève sur le Rhône dorénavant navigable jusqu'à la mer. Enfin, la présence du toponyme« à Condion » (*Condatomagus?) à proximité immédiate, ajouté à tous ces indices et preuves convergents, confir– ment l 'hypothèse émise par nos prédécesseurs, que là était la mansio de Condate, mentionée par la Table de Peutinger et !'Itinéraire d'An– tonin.5 Dans ces conditions, on s'explique mieux les efforts gigantesques faits dans le Val de Fier pour l'établissement d'une voie nouvelle. Les Romains visaient Condate en tant que mansio, port, entrepôt et pas– sage du Rhône; ce passage devait se faire en barque ou en traille, car il est difficile d'imaginer que le pont celtique existait encore à cette époque. De plus, il est impossible qu'il ait été remplacé par un pont romain en maçonnerie car on n'en trouve aucune trace et un tel ou- • Cf. Titres de l'auteur, n° 7.
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