BASA
322 Colloque d'archéologie voie dans cette agglomération. Le percement du tunnel a fait dispa– raître ce dispositif de raccordement. En regardant le rocher du tunnel, on voit sur la droite, au-dessus du torrent et assez haut placée, une échancrure rectangulaire taillée dans le rocher déjà signalée par Ch. Marteaux. C'est le débouché de la voie. Nous y parvînmes, en août 1963, avec une échelle de 10 m, et ensuite à l'aide de cordages. La voie est là sur 75 m de long environ, complantée de grands buis qui avaient poussé sur un matelas d'humus et d'éboulis. 14 Mais une partie, creusée dans le calcaire dur, de 42 m de long, d'un encaissement de 4 m de côté du torrent et de 6,5 m du côté de la montagne, montre des parois, bien dressées et parallèles, striées par les coups de pic en arc de cercle obliques et réguliers carac– téristiques de ce genre de taille. La largeur est uniformément de 4,60 m. Plus loin, en se dirigeant vers l'amont, le rocher recule, forme des excavations côté montagne, ou de petits garde-fou côté torrent, pour s'évanouir enfin complètement de ce dernier côté, avant d'aboutir au précipice, qu'un mur de soutènement analogue à ce– lui qui subsiste devait peut-être permettre de franchir; mais ce fran– chissement pouvait aussi se faire par un pont de bois car nous n'avons trouvé aucune trace de mur, même au fond du ravin. Un premier sondage en travers de 0,50 m de large et de 0,50 m d'épaisseur dans l'humus et l'éboulis, dégageant le podolithe de la voie, a révélé des ornières creusées dans le rocher probablement avec intention. De telles ornières ont été signalées par Ducis et par Caillemer, pour d'autres parties de la voie sans doute. L'écartement de ces ornières, soit 1,65 m hors tout, avec trottoir de 0,80 m correspond exactement au relevé fait par l'architecte Fivel, de Cham– béry, il y a un siècle, publié par Caillemer et repris par Albert Gre– nier.15 On croyait que tout avait été détruit d'un si précieux témoi– gnage des chaussées antiques. C'est donc une redécouverte intéres– sante, la voie du Val de Fier étant l'un des rares exemples-types cités par les archéologues pour les voies à ornières intentionnelles. « Non seulement il y avait des rainures longitudinales, dit Caillemer, mais aussi des rainures transversales pour prévenir le glissement des che- 14 C'est en août 1965, grâce à M. Louis Buttin, avec sa famille et ses amis, que nous réus– sîmes à débarrasser la voie de cette végétation. 15 Cf. Bibliographie, n°' 4, 9 et 16.
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