BASA
342 Colloque d'archéologie - et surtout rhodanienne -, l'autre surtout suisse, semblent s'être fortement interpénétrées sur le Haut-Rhône. Les éléments chasséens les plus notoires sont les décors céramiques (cordons multiperforés, croisillons gravés à cuit, cannelures peintes en rouge, etc.). Les parures en coquillage méditerranéen désignent la même direction. Mais si notre Néolithique valaisan ne se range pas dans le groupe de La Lagozza, il a fourni des indices sûrs de relations avec celui-ci, et par conséquent d'une circulation par les cols alpins. A Saint-Léo– nard un tesson a appartenu à un bol évasé à plan carré (a bocca qua– drata) à décor gravé, qui répond à ce qu'on a trouvé à Varèse; le type de fusaïole dont on a plusieurs exemples incomplets est celui conique très aplati et parfois gravé, du même gisement italien; deux pointes de flèches, l'une en silex, l'autre en cristal de roche, ont la forme asy– métrique qu'on trouve aussi à Varèse. Ces constatations s'ajoutent à l'analogie du type de sépulture du Valais et dans le bassin de la Doire (Montjovet, Sarre, Villeneuve, Saint-Nicolas, La Salle), malheureu– sement ces dernières sont aussi pauvrement pourvues que celles du Valais. Or nous croyons avoir définitivement démontré l'attribution de ces sépultures (et de celles du pourtour du Léman: Chamblandes, etc.) à la civilisation de Chassey-Cortaillod-Lagozza. Ainsi donc les Néolithiques qui ont, les premiers, occupé la vallée suisse du Rhône, venant soit du Sud de la France par l'axe rhodanien, soit du Plateau suisse (mais originellement aussi du Sud) ont établi des relations avec ceux qui, migrant eux aussi de la Méditerranée, ont peuplé certaines régions de l'Italie du Nord. Il serait d'un grand intérêt de pouvoir élargir les recherches, ef– fectuées d'abord en Valais, du côté du Val d'Aoste, en repérant l'em– placement de sépultures (puisque c'est surtout ce qui a été trouvé là) et de stations d'habitation (collines rocheuses, abris sous roche), et en y appliquant les méthodes rigoureuses des fouilles modernes. Nous espérons pouvoir contribuer à une telle entreprise. Ce souhait s'ap– plique tout autant aux vallées françaises de pénétration vers les cols transalpins. C'est à ce prix qu'on peut espérer obtenir quelque cer– titude sur les limites (forcément mouvantes au cours des siècles en cause) géographiques et les courants d'influence qui ont tour à tour séparé et relié les trois provinces de la civilisation de Chassey-Cor– taillod-Lagozza, dans les trois premiers quarts du 3e millénaire av. J.-C.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=