BASA
Colloque d'archéologie 355 notice la plus intéressante à propos de !'Amphithéâtre, nous est four– nie par le procès intenté par le comte de Savoie contre Jacques sei– gneur de Montjovet, accusé du meurtre de son frère naturel Lovetus, et appelé à se disculper par un duel judiciaire. Jacques ne se présenta pas. Le champion du comte de Savoie Jean de Comminges, et non Commigeris comme Cibrario a publié (ce Jean de Comminges devait être un spadassin gascon, déjà alors), l'attendit jusqu'au soir in prato quod dicitur Palacium Rotondum. Après le coucher du soleil le vi– comte d'Aoste l'en fit sortir en le prenant par la main. Les duels judi– ciaires avaient été introduits par les Germains comme un moyen de preuve en justice. Il était encore en usage au XIVe siècle dans la Vallée d'Aoste, le pays de Vaud et la Savoie, bien que l'Eglise et les comtes de Savoie cherchassent à le proscrire. Donc à Aoste les duella, sive bella, après avoir été publiquement criés, se tenaient dans une journée dédiée à eux, avec toute leur solennelle procédure, sous la conduite du comte d'Aoste qui jusqu'à 1295 eut le droit de garder le champ de batailles judiciaires et d'en percevoir le droit, sur un pré à l'intérieur du Palais Rond. Un autre pré à proximité, donné par le comte de Savoie au couvent de Sainte-Catherine, était appelé pré des Bandz, c'est-à-dire le pré des criées publiques, du moins je l'enterprète ainsi. Ce fait nous amène à supposer que l'utilisation de l'arène comme champ pour les duels judiciaires remonte à l'introduction de ce mode de preuve barbare, et donc aux premiers temps de la domination des Burgondes. Et d'autant plus que la procédure civile et criminelle cou– tumière à Aoste était d'origine essentiellement germanique et conserva jusqu'à la fin du Moyen Age son caractère oral et formaliste. Cette destination de l'arène comme champ de bataille a pu lui conserver un caractère fiscal, c'est-à-dire un caractère d'imprescriptibilité, puis– qu'elle était restée intacte et n'avait jamais été envahie par les cons– tructions, parce que les constructions avaient été faites alors au de– hors, non pas au dedans. Elle constitue maintenant le très beau verger des soeurs de Saint-Joseph. A propos de l'Arc de Triomphe, la sollici– tude démontrée par le prieur Georges de Challant, celui qui a cons– truit le prieuré et qui a fait construire le château d'Issogne, et son intention de le restaurer et protéger des crues du Buthier, et aussi d'y construire une chapelle, mérite d'être signalée. Mgr Duc a mentionné cet épisode qui est ignoré cependant des archéologues. Le duc Charles
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