BASA
8 A.-P. Frutaz plus infimes détails, rendra agréable votre séjour dans notre Vallée, ainsi qu'à Turin, et assurera le plein et fructueux développement de cette rencontre qui a pour objet les « Précurseurs » et les « Con– temporains» de St Anselme. La connaissance du milieu social, politique et religieux dans lequel un intellectuel a vécu et a exercé son activité d'homme de lettres, d'Eglise ou d'Etat, est de toute première nécessité pour pénétrer jusque dans les recoins les plus intimes de sa personnalité et pour saisir toutes les nuances de sa pensée. Cette connaissance nous donnera, j'en suis sûr, une nouvelle vision de notre illustre compatriote: moine du Bec et archevêque de Cantorbéry, à la fois philosophe et théologien, pédagogue aimable et défenseur intrépide des droits de l'Eglise, que des politiciens sans scrupules méconnaissaient et foulaient aux pieds allègrement. Cette vision sera parfaite, si elle nous révèlera aussi les richesses de son grand «coeur de chair». C'est par ses oeuvres, notamment sa correspondance, !'Historia novorum et le De vita et conversatione Anselmi archiepiscopi Cantuariensis, dues à Eadmer, que nous pour– rons pénétrer son humanitas et sa sanctitas, car c'est à ses nom– breux interlocuteurs (parents; amis: laïques, moines, ecclésiastiques; papes; souverains, etc.) que St Anselme s'est livré tel qu'il était. J'évoquerai un seul de ses nombreux traits délicats et révélateurs: l'hommage de ses Orationes sive Meditationes 7 fait et 1104, à la comtesse Mathilde de Canossa, qui l'avait protégé. Par leur moyen, la « reverenda comitissa » pouvait satisfaire ses dévotions au Christ et à la Vierge, auxquelles Grégoire VII l'avait initiée dès 1074 en l'invitant à recevoir le « Corpus Dominicum frequenter », et à se confier à la Mère du Seigneur. 8 Analyser la production des écrivains - sans qualificatifs - précurseurs et contemporains de St Anselme et leurs modes d'envi- 7 S. ANSELMI Opera omnia, éd. F. S. SCHMITT, III, Edinburgh 1946, pp. 3-91. 8 Das Register Gregors VII, par les soins de E. CASPAR, Berlin 1920, pp. 71-73 (Registrum l, 47, du 16 février 1074): « Sed quia inter caetera, quae tibi contra principem mundi arma Deo favente contuli, quod potissimum est, ut corpus Domi– nicum frequenter acciperes, indicavi et, ut certae fiduciae Matris Domini te omnino committeres, precepi... (p. 72). Debemus, o filia , ad hoc singulare confugere sacra– mentum, singulare appetere medicamentum. Haec ideo, karissima beati Petri filia, scri– bere procuravi, ut fides ac fiducia in accipiendo Corpus Domini maior tibi accrescat » (p. 73).
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