BASA

14 P. Vignaux et si cet ouvrage ne devait relever de cette histoire sous aucun autre aspect. Laissons pour la seconde partie de ces remarques la contribution d'Anselme à l'histoire du concept de Dieu par l'élaboration qu'en proposent le Monologion, et le Proslogion: le premier dans une dialectique originale du verbe qui lie de Deo uno et de Deo trino contrairement à leur séparation classique; le second à partir de la puissante formulation de la grandeur de Dieu dans l'aliquid quo majus cogitari possit: ... tantam enim vim hujus prolationis in se continet significatio. .. 5 Arrêtons-nous aux concepts élaborés dans les tres tractatus pertinentes ad studium sacrae scripturae: De veri– tate, De libertate arbitrii, De casu diaboli . Le premier traité est fondamental pour la compréhension des deux autres. Il confronte la Vérité que Dieu est selon la foi avec les vérités que l'on reconnaît ailleurs: dans les discours, les énoncés, leur signification - veritas orationis... enuntiationis... significa– tionis -; et aussi dans l'être même des choses: veritas essentiae rerum. La donnée initiale: Quoniam Deum esse veritatem credimus... engage l'esprit dans l'élaboration de rapports conceptuels: cet exercice sur la notion capitale de vérité vaut indépendamment de la référence de l'un de ses points de départ à la Révélation . Lorsqu'intervient la notion de rectitudo, décisive pour la suite, il n'importe pas essen– tiellement, d'un point de vue d'histoi11e conceptuelle, qu'on y entende l'écho du Ps·aume 31 (11 ): ... recti corde; il importe plutôt que soit ainsi introduit un problème de vérité dans la volonté libre, dans l'action non naturelle - veritas voluntatis. .. actionis. .. non naturalis. Entre « vérité » et « justice » une communication s'établit: ... non est... aliud veritas quam rectitudo ... justitia non est aliud quam rectitudo. Le rapport de « la vérité de l'action » à d'autres vérités dans le De veritate nous concerne abstraction faite des textes évan– géliques où il s'agit de « faire la vérité » (Joh. 3,21) et du diable qui ne s'est pas maintenu« dans la vérité» (Joh. 8,44): in voluntate dicit veritas ipsa veritatem esse... ; la Parole de Dieu provoque la ' Cf. J. ROHMER, La finalité morale chez les théologiens de saint Augustin à Duns Scot, Vrin, Paris, 1939 - L'intérêt persistant dans le rapport liberté-moralité est manifeste dans le livre de Bernard CARNOIS, La cohérence de la doctrine kantienne de la liberté, Seuil, Paris, 1973.

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