BASA

L'Histoire de la philosophie 15 réflexion sur les concepts fondamentaux capables de faire commu– niquer l'épistémologie avec la morale, avec une éthique de la volonté juste dont la justitia se définit rectitudo propter se servata. Cette notion domine le second de nos traités, le De libertate arbitrii dont l'avant-dernier chapitre déclare que potestas servandi rectitudinem voluntatis propter ipsam rectitudinem constitue une « définition parfaite du libre arbitre ». Sans doute, au chapitre I de ce dialogue, la question initiale du disciple se réfère à l'apparente incompatibilité de notre liberté avec la grâce, la prédestination et la prescience de Dieu et la réponse du maître à la différence entre - d'une part, la liberté de Dieu et des «bons anges», - d'autre part le « pouvoir de pécher et de ne pas pécher », mais l'essentiel de l'enseignement consiste « en un~ définition et division » du con– cept de liberté liée à l'élucidation du concept éthique de rectitude. On comprend que l'histoire du concept de finalité morale chez les théologiens de saint Augustin à Duns Scot retienne comme un mo– ment décisif la doctrine anselmienne qui vise à « doter la volonté d'une liberté qui la rende capable de vouloir la justice pour la justice »: annonçant Immanuel Kant, saint Anselme se situe ici dans l'histoire de la philosophie pratique par son effort de cohérence dans le discer– nement à la fois de la valeur « spécifiquement » morale et des com– posantes du libre arbitre. 5 Passant au troisième traité, nous observerons que si l'angélologie, trait typique suivant Léon Brunschvig de la pensée médiévale, n'inté– resse pas les philosophes modernes, que si la De casu diaboli spécule sur le péché angélique à partir d 'une question radicalement religieuse: Quid habes quod non accepisti? (l Cor. 4,7), la définition du mal moral comme absentia boni, de l'état d'injustice comme carentia justitiae debitae portent sur des notions fondamentales de l'éthique; du point de vue des rapports conceptuels, il n'importe pas essentielle– ment que la discrimination entre voluntas justitiae et voluntas bea– titudinis se fasse à propos des anges. Nous sommes dans un ordre de problèmes dont nous savons depuis la thèse d'Etienne Gilson La liberté chez Descartes et la théologie que leurs sources théologiques ne les empêchent point d'appartenir à l'histoire de la philosophie. Si celle-ci est histoire de la raison, non seulement des concepts fondamentaux mais aussi des types de raisonnement, comment se

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=