BASA

18 P. Vignaux selme, 9 ce projet au x1e siècle d'une fides quaerens intellectum a inspiré la conception que le théologien du xxe siècle s'est faite d'une Dogmatique ecclésiastique. 10 L'un et l'autre ne quittent « pas un instant le sol et le toit de l'Eglise »: lieu de l'ensemble des vérités données dans la confession de foi du « Credo objectif » que suppose le « je crois » individuel. Si l'intellectus fidei demande que l'on prouve, cette preuve ne devra pas chercher au dehors ses points de départ et d'arrivée; elle pourra mettre en question un article de foi, mais pour y revenir à partir d'un autre; cette mise « en évidence » de « la rationalité de la foi » 11 - ratio fidei - ne nous fera pas sortir du domaine de la Révélation; elle reconnaît seulement une « nécessité » qui lui est intérieure dans une « objectivité strictement théologique». A l'intérieur de ce programme que devient la future «preuve ontologique»? En entrant dans le chapitre second du Proslogion à partir du premier, il est juste de noter qu'au point de départ de l'argument, Anselme « parle de Dieu en parlant à Dieu », aussitôt désigné par sa dimension transcendante, insurpassable, sa grandeur: « Nous croyons que tu es quelque chose dont on ne peut rien concevoir de plus grand ». 12 Il ne s'agit pas d'une définition capable d'enclore son objet mais plutôt d'une désignation qui le sépare de tout autre en demeurant ouverte sur son unique transcendance: au chapitre XV, il apparaîtra « plus grand qu'on ne peut penser ». En se gardant avec raison de dépasser le niveau d'une analyse des significations, d'introduire le problème d'une «idée de Dieu », on constate que cette désignation constitue une « règle de pensée » qui sera, en sa forme négative, le ressort de l'argumentation ultérieure. Cette règle étant donnée dans la foi, Barth l'assimile à « un nom de Dieu révélé ». La révélation de ce nom affirme la « seigneurie » divine sur tout le reste, existant ou concevable, par un « commandement» auquel répond une « obéissance »: obéissance du croyant à Celui « qui se manifeste par l'interdiction de concevoir quelque chose de plus grand 9 Première partie de La preuve de l'existence de Dieu, cf. n. 2, que nous citons abondamment par la suite. 10 Avant-propos de la Dogmatique, traduction française, I/1*, p. IX: « .. .l'étude que je préparais sur Anselme de Canterbéry ». 11 Dogmatique, I/2*, p. 9. 12 Traduction d'Alexandre KOYRÉ, Fides quaerens intellectum, Vrin, Paris, 1930.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=