BASA
L 'Histoire de la philosophie 19 que lui». «Nom révélé», «commandement », «interdiction»: les réserves qu'appellent ces formules ne doivent pas empêcher de re– connaître que l'interprétation barthienne attire heureusement l'at– tention sur le rapport entre l'argument du Proslogion et un aspect essentiel de la foi, - à savoir l'adoration d'un Dieu qui se révèle au croyant dans son unicité. Barth a bien vu que la désignation de «l'indépassable »: aliquid quo majus... se fonde, comme le sug– gère le chapitre III, dans la situation d'une créature à laquelle le Créateur s'est révélé, son Seigneur. Le génie anselmien a été de convertir en règle dialectique une maxime d'adoration. Maxime incontestable dans le monothéisme biblique: on peut donc assimiler à un « article de foi » inclus dans « le Credo objectif » de l'Eglise la désignation à partir de laquelle l'esprit se meut par raisonnement vers l'existence de l'objet désigné, au chapitre II, et au chapitre III, vers son mode unique d'exister. Analysant dans l'un et l'autre la dialectique d'Anselme, Barth note avec une re– marquable subtilité qu'est seulement «démontrée» une négation: l'impossibilité de penser qu'un Dieu ainsi désigné n'existe pas ou existe seulement comme tout le reste dont la non-existence est concevable, tandis que« la proposition positive»: l'affirmation de l'existence et de son mode, n'est atteinte qu'indirectement, par le rejet de sa contradic– toire. Si l'affirmation a été introduite dans la dialectique comme « une pensée possible à côté d'une autre », c'est à partir de la position initiale dans la foi, « avant toute preuve », de l'existence du Dieu unique. L'argument achevé, la même affirmation n'est point, en son mode affirmatif, proprement «déduite»; elle est comprise, dans une « intelligence de la foi », pour autant qu'à partir du « nom révélé », le raisonnement a montré l'impossibilité de nier l'objet ainsi désigné. Cette analyse nous empêche de quitter le plan d' « une logique interne des articles de foi chrétienne »: nous demeurons dans une stricte théologie de la révélation. On mesure toute la portée de cette explication radicalement théologique du Proslogion II, III et IV en reprenant }es considé– rations de la Dogmatique sur « la preuve » que Dieu nous donne de lui-même... de son existence ... dans sa révélation -, considé– rations proposées dans la doctrine de Dieu, de l'être de Dieu dan s la liberté. Cette «liberté» barthienne n'est autre que l'aseitas
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