BASA
20 P. Vignaux traditionnelle qui inspira la recherche par Anselme d'un argument n'ay•ant besoin d'aucun autre, comme l'Etre divin n'a nul besoin d'un autre être. La « valeur unique » de la ratio Anselmi tient à ce qu'elle part «du fait que Dieu s'est démontré, se démontre et ~ê démontrera lui-même, en se posant, lui le Seigneur... comme... celui quo majus cogitari nequit: l'être qui, en révélant son saint nom, exclut non seulement sa non-existence mais encore la simple idée de sa non-existence ». Nous devions souligner « fait » et « en révélant»: l'« autodémonstration » de Barth n'est point autoposition d'une idée philosophique de Dieu, mais plutôt «auto-attestation»; si son Dieu «ne peut pas ne pas être, ni même être conçu comme n'étant pas», c'est «parce qu'il est en fait»; ce qui, ici, «décide» est un « être de fait» reconnu « dans l'obéissance et l'adoration qu'elle implique », réponses dans la grâce de la foi à « l'acte de la révélation » 13 à l'intérieur duquel cette pure théologie entend demeurer. En replaçant la preuve de l'existence de Dieu dans la doctrine de Dieu de la Dogmatique, il ne faut pas oublier que celle-ci commande de ne pas « à aucun prix faire abstraction de la Trinité, c'est-à-dire de l'acte de la révélation divine ». 14 L'exposé de la Trinité s'impose en effet dès les Prolégomènes à la Dogmatique qui présen– tent la doctrine de la Parole de Dieu: présentation qui lie précisé– ment le dogme trinitaire à la Révélation, et à la révélation en Jésus dans « l'événement de l'incarnation ». Le propre d'une « théologie de la révélation » est de renvoyer au Christ comme à la « réalité objective de la révélation », comme à sa « possibilité objective », même lorsqu'il s'agit de comprendre en allant du credere à l'in– telligere. 15 L'interprétation théologique du Proslogion ne peut rester en dehors de la « concentration christologique », mouvement essentiel de la Dogmatique barthienne. Hegel avait signalé que «la preuve ontologique a été découverte en premier lieu dans le Christia– nisme... » 16 selon Barth, elle n'a de sens que pour le Dieu révélé en Jésus. 13 Dogmatique II/ 1**, pp. 50-54. " Ibid. p. 5. 15 Dogmatique I/2*, § 13; 1 et 2. 16 Les preuves de l'existence de Dieu, traduction H. NIEL, Aubier, Paris, 1947, p. 242.
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