BASA
L'Histoire de la philosophie 21 Repris ainsi, dans toute sa force, le défi de Barth appelle une série d'observations dont voici la première. La connexion que son interprétation implique entre la ratio Anselmi et la révélation chrétienne est de fait, aussi événemen– tielle, - pourrait-on dire, - que « l'acte de révélation » en lequel se concentre selon l'impératif de cette stricte théologie, toute con– naissance valable de Dieu. Or, les écrits d'Anselme n'offrent appa– remment pas de raison qui substitue à ce fait une nécessité; aucun d'eux ne présente un système total des vérités concernant à la fois la divinité et son incarnation; le Cur Deus homo traite de cette dernière dont le Proslogion et le Monologion font abstraction. Si le Monologion peut être considéré comme un de Trinitate, l'auto– nomie de sa structure dialectique - sala ratione - le rend typique des traités qui exposent le dogme trinitaire comme s'il était indé– pendant de la christologie. Celle-ci n'est pas davantage engagée dans la dialectique du Proslogion; la Trinité y est seulement envisagée, brièvement, au chapitre XXIII. On comprend que le Proslogion ait pu être assimilé à un traité de Deo Uno, pratiquement de contenu métaphysique, relié à la Révélation par « la métaphysique de l'Exode » (3, 14): Tu ... Domine... es qui es (chapitre XXII); c'est le lieu de rappeler que le Livre de l'Exode appartient à l'Ancien Testament et d'indiquer que la place de la notion d'être dont le Proslogion appelle une réflexion ultérieure. Une seconde observation permet de répondre méthodiquement, au défi barthien, à travers deux questions dont voici la première. Entre le point de départ et le point d'arrivée de la ratio Anselmi, le raisonnement ne s'articule pas suivant une logique propre aux choses de la foi mais selon la logique commune « fondée sur le principe de contradiction »; à partir de la « désignation » initiale, la démarche qui suit présente, hypothétiquement, une valeur uni– verselle. Etant provoquée par l'insipiens biblique, négateur de Dieu, la dialectique vise en ·effet à le réfuter; ne faut-il donc pas qu'elle vaille pour l'incroyant même? A cette question, un passage de l'Epistola de incarnatione Verbi, 17 commentant le Nisi credideris non intelligetis, offre une réponse: si l'incroyant ne peut avoir la 17 Edition Schmitt, t. I, p. 284.
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