BASA

22 P. Vignaux connaissance de Dieu liée à l'expérience du croyant, il a pourtant de l'objet désigné par ce dernier (aliquid quo majus.. .) une certaine connaissance par ouï-dire du seul fait qu'il saisit la signification de la formule de désignation. Entre incroyant et croyant, doués de raison l'un et l'autr~, il existe un minimum de structure universelle indé– pendante de la présence ou de l'absence de la foi, cet événement issu de deux libertés de décision, divine et humaine. Cette constatation conduit à une deuxième question: suffit-il d'avoir dégagé l'universalité de la structure dialectique pour recon– naître avec le P. Henri Bouillard 18 à l'argument du Proslogion, en plus du sens théologique exposé par Barth, « aussi un caractère philosophique ». La question considère l'argument dans le contexte de l'opuscule où il a été d'abord présenté. Une réponse affirmative apparaît possible à la condition que soit respecté le caractère hypo– thétique de la structure rationnelle discernée: n'est-ce point une tâche philosophique d'expliciter le sens de la proposition « Dieu est» dans «le Credo objectif» des chrétiens? Incontestablement, oui, si l'on admet qu'une philosophie de la religion ait pour objet les religions positives historiquement données; ce qui la fait essen– tiellement différente d'une théologie naturelle conduisant à la cons– truction, par le philosophe, dans l'abstrait, d'une religion dite « naturelle ». De ce point de vue nous refusons de dire avec Barth qu'« il eût été impossible à Anselme d'écrire une dogmatique et en outre une philosophie de la religion ». 19 La portée de ce refus dépasse le Proslogion: qu'il s'agisse du Monologion, du Cur Deus homo ou autres tractatus pertinentes ad studium scripturae, ces oeuvres qu'en raison de leurs points de départ on peut qualifier de « théologiques » concernent l'historien de la philosophie sous leur aspect d'essais de philosophie de la religion. En usant du terme d'« essais » nous marquons leur caractère partiel, leur absence de prétention à une vue systématiquement totale du christianisme. (On nous permettra d'ajouter. que le point de vue ainsi adopté sur Anselme, sans lui contester la qualité de « théo- 18 La connaissance de Dieu, Aubier, Paris, 1967, p. 113. 19 La preuve..., p. 60, n . 2.

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