BASA

66 F . Brunner de l'idée de Dieu proposée par Anselme: il traite d'abord des anti– nomies modernes dans l'idée anselmienne de Dieu et ensuite du postulat du parfait. Nous ne nous attarderons pas sur les deux premières parties du livre, pour nous attacher aux deux suivantes qui sont aussi les plus étendues. Au début du livre, l'auteur expose sa conception du rôle de la foi dans l'argumentation d'Anselme. Approuvant le P. F. S. Schmitt et s'opposant à Karl Barth, il admet que la foi écarte l'image déformée du créateur et restaure le nom de Dieu. Après quoi, les démonstrations d'Anselme ont «une forme entièrement rationnelle» (p. 11). Vuillemin souligne ensuite que la prémisse de la preuve est négative et épistémologique: « Dieu est tel que rien de plus grand que lui ne peut être pensé ». Il écarte ainsi comme non pertinentes les analyses de la preuve qui ne tiennent pas compte de ce double caractère. Dans le Proslogion, l'existence de Dieu n'est pas déduite de la perfection absolue, mais, en vertu d'un raisonnement par l'absurde, de quelque chose qu'on ne peut penser. On ne peut rien penser qui soit plus grand que Dieu. Or, de tout ce qui n'est pas Dieu, on peut penser un plus grand que lui. Il s'agit donc ici, en quelque manière, d'une preuve par les effets, en ce sens qu'on atteint Dieu par l'exclusion de ses effets. Dans la deuxième partie de son livre, l'auteur soulève en premier lieu la question épistémologique: l'idée de Dieu selon An– selme est-elle une vraie idée? Il recourt au langage de Descartes, issu du reste de celui de la scolastique tardive, pour éclairer la problématique d'Anselme et de Gaunilon: le contenu de représenta– tion de l'idée est la réalité objective; celle-ci se distingue de la réalité formelle de l'idée (simple modalité du je pense), comme de la réalité formelle de la chose (la chose elle-même). A quoi il faut ajouter selon Gaunilon le mot ou vox. Vuillemin précise que le désaccord entre Anselme et Gaunilon porte sur la question de savoir « si le id quo nihil majus cogitari potest correspond ou ne correspond pas à une vraie réalité objective » (p. 44 ). Venant ensuite à la question ontologique soulevée par Kant, Vuillemin note qu'elle n'apparaît pas dans la discussion avec Gau– nilon. Au centre de celle-ci surgit le problème de la possibilité de l'idée de Dieu - pensons-nous vraiment quelque chose quand nous

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