BASA
Interpr étation clu «Prosl.ogiom> 75 3) L'exégèse de l'auteur n'est-elle pas fondée sur une inter– prétation quantitative de la grandeur anselmienne? On ne s'expli– querait pas sans cela la matrice (A) qui suppose l'univocité de la chaîne de ressemblance et l'infinité de ses éléments. La fonction de l'ensemble des perfections douées de la même propriété que cet ensemble est fournie par le « procédé diagonal », construction qui nous permet de sortir d'un ensemble donné, mais nous laisse aussi au niveau de la pure univocité. Il semble au contraire que les concepts anselmiens de plus et de moins, de grandeur, d'ordre, nous maintiennent dans la sphère de la qualité. Dans la hiérarchie des êtres selon le Monologion, magis est associé à praestantius et conduit à un summe magnum qui n'est pas de l'ordre du nombre. Il s'agit de degrés différents d'essence et de dignité. 1 Dans ces conditions, on ne peut raisonner sur la grandeur anselmienne comme sur la grandeur mathématique, et si l'idée de Dieu, dans le Proslogion, ne résulte pas de la totalisation d'une gradation mathématique infinie, il n'y a plus lieu de parler d'anti– nomie mathématique. Du reste, l'inadéquation de la matrice (A) apparaît assez au fait que l'auteur lui substitue immédiatement la matrice (B) dans laquelle la fonction de u n'a pas r.p, c'est-à-dire la propriété quo majus cogitari possit. Cette variante de la matrice générale correspond seule aux résultats de l'analyse de la preuve, telle que la première partie du livre l'a fournie: faisant apparaître une preuve par les effets exclus, cette analyse impliquait que Dieu n'avait pas la propriété « susceptible de plus». Mais alors, demande Vuillemin, comment passer du nombre à ce qui n'est plus un nombre? Mais se heurtera-t-on encore à cette question si r.p ne désigne plus une relation simplement quantitative, mais une subordination dans l'ordre de la dignité métaphysique? 4) La mention de l'antinomie épistémologique ne révèle-t-elle pas une interprétation trop étroitement conceptuelle? Si Dieu n'a plus de supérieur, selon Vuillemin, il sort de l'ensemble des objets qui ont la propriété r.p. Mais si on doit, dans le cas de Dieu, vider entièrement r.p de son sens, toute preuve logique disparaît. Sans le postulat de la ressemblance, la preuve s'effondre. ' Cf. ch. 31.
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