BASA
78 F. Brunner et la connaissabilité et l'incompréhensibilité de Dieu; selon lui, nous avons l'intuition d'un être dont l'amplitude est telle que notre in– telligence aperçoit en le saisissant qu'elle ne peut l'embrasser. 3 Bref, on peut se demander si les antinomies auxquelles Vuil– lemin condamne Anselme ont vraiment lieu, l'antinomie mathéma– tique, issue de la recherche du maximum dans une gradation quanti– tative infinie, et l'antinomie épistémologique qui résulte de la suppres– sion, dans le cas de Dieu, de la propriété «être plus petit que », propre à la créature. 5) L'idée du parfait a-t-elle vraiment un modèle mathématique? On se souvient que les conditions de validité du postulat du parfait - convergence d'une suite - ne sont pas respectées dans la preuve d'Anselme, «si on la réduit à ce schéma» (p. 134). Mais doit-on la réduire à ce schéma? Vuillemin n'en administre pas la démonstration; il ne fait à ce propos qu'une hypothèse. Si donc la preuve d'Anselme ne correspond pas au schéma mathématique, il ne s'ensuit pas que la preuve soit non valide, mais peut-être simplement que ce schéma ne convient pas et que l'hypothèse est fausse. Vuillemin observe d'ailleurs que les méthodes d'exhaustion, même disposant des théo– rèmes d'existence voulus, ne parviennent qu'à des entités finies, excluant par principe toute idée de perfection, de suffisance, a fortiori d'immensité (pp. 136-137). C'est sans doute que ces idées n'ont pas les mathématiques pour base. La notion de convergence, comme les mathématiques l'enten– dent, n'est nullement essentielle au postulat du parfait. N'est-il pas étrange, du point de vue de la théologie, de considérer Dieu comme un point d'accumulation? Vuillemin relève lui-même qu'il s'agit plutôt de divergence. Notons cependant que certains métaphysiciens ont associé l'idée de Dieu à celle de convergence, en entendant celle-ci comme le passage du multiple à l'un, de la périphérie au centre. Et la divergence ne pourrait-elle pas avoir un sens ici, prise comme la tendance vers un écart infini? ' Cf. M. GUEROULT, Descartes selon l'ordre des raisons, Paris, t. I, 1953, p. 304; cf. p. 233.
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