BASA
284 R. Amiet Tout le monde sait qu'Anselme est né ici, à Aoste, vers 1033, et que son éducation a été confiée, vers l'âge de douze ans, aux Bénédictins qui venaient d'y fonder le Prieuré Saint-Bénin. Les bâtiments de ce Prieuré n'existent plus, mais, par une heureuse fortune, son fier campanile est toujours debout, dressant sa fine et élégante silhouette au bord d'une des rues les plus fréquentées d'Aoste, et toutes les fois que je passe devant, je me souviens que le jeune Anselme, il y a plus de neuf siècles, le contemplait déjà avec ravissement . C'est auprès de ces moines, comme auprès des chanoines de la cathédrale, tout nouvellement rebâtie à l'époque par l'évêque qui porte le même nom d'Anselme, que l'âme de l'enfant s'éveilla au sens de Dieu en partie par le truchement de la liturgie. Le jeune élève des Bénédictins de Saint-Bénin, qui dépendaient de l'abbaye piémontaise de Fruttuaria, conçut pour eux une affection profonde qui l'attacha à la science et à la piété, et qui fit naître peu à peu en lui le désir de la vie religieuse. Anselme conserva toute sa vie le souvenir de son éducation monastique comme d'une particulière faveur de la Providence. « C'est toi, ô mon Dieu, - écrira-t-il plus tard, - qui as inspiré à mes parents la pensée de m'appliquer à l'étude des lettres et de confier mon éducation à des moines ». Le texte que je viens de citer est tiré du célèbre recueil anselmien des Méditations et des Oraisons, qui a fait la joie de tout le moyen âge. Comme toujours, on ne prête qu'aux riches, et les textes originaux ont reçu au cours des siècles de nombreuses additions postérieures. En 167 5, Dom Gerberon publia 21 méditations et 7 5 oraisons attribuées à Anselme, mais ces chiffres, en 1923, furent réduits par Dom Wilmart à 3 méditations et 19 oraisons originales sorties de la plume de notre saint . Le Prologue en donne le ton: Meditationes seu orationes quae subscriptae sunt, quoniam ad excitandam legentis mentem ad Dei amorem vel timorem seu ad suimet discussionem editae sunt, non sunt legendae in tumultu sed in quiete, nec velociter sed paulatim, cum intentu et morosa medi– tatione. On le voit, il s'agit de formules de dévotion privée, inspirées directement par la vie contemplative du jeune moine. Ecoutons un autre passage qui nous livre un peu de la grande âme d'Anselme.
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