BASA

286 R. Amiet l'édition critique a été donnée en 1946 par le P. François Schmitt à Édimbourg. Walram ne se tint point pour battu, et il écrivit à Anselme une seconde lettre, qui est parvenue jusqu'à nous, dans laquelle il le questionne, cette fois-ci, non plus sur l'Orient et l'Occident, mais sur certaines différences liturgiques que l'on peut observer au sein même de l'Eglise Latine. Il s'agit ici de ce qu'on appelle en termes techniques l'Ordo missae, c'est-à-dire des prières et des rites de !'Ordinaire de la messe. Les réponses d'Anselme valent qu'on s'y arrête un instant. Au cours de ses voyages, Walram avait observé avec surprise des différences liturgiques notables dans le rituel de la messe, telle qu'elle était célébrée dans les divers diocèses qu'il avait traversés, et cela l'avait d'autant plus choqué qu'il jugeait cette diversité tout à fait contraire à l'unicité et à l'immutabilité de Dieu: « Individua Trinitas Deus est, et quotquot sunt in Deo, unum sunt in ipso. Diversitas in Ecclesia admodum est unitati contraria ». Les Romains, dit-il, célèbrent d'une manière; dans les Gaules sont utilisés des rituels différents; quant à la Germanie, la variété est extrême: « Aliter Romana, aliter Gallicana Ecclesia et diversissime nostra tractat Germania ». Et il conclut avec un étrange rigorisme: « A Christo dissentit qui in diversitatem tendit ». Après avoir posé ce principe, qui lui semblait intangible, et dont la non-observation lui paraissait presque scandaleuse, Walram questionne Anselme sur deux points précis: 1 - Pourquoi nous, en Germanie, faisons-nous, pendant le Canon de la Messe, des signes de croix distincts sur le pain et sur le vin, et cela en conformité avec l'Ordo Romanus (il s'agit de l'Ordo VII d'Andrieu), alors que d'autres, dont toi, signent les deux oblats d'un seul signe de croix? « Vestram miramur diversitatem! ». Et plus loin, il ajoute: « Miror autem valde qua ratione sacrificandi coepit diversitas: Ecclesiae unitati valde obest in sacramentis discrepare ». 2 - Et puis pourquoi, et surtout, pendant toute la durée de l'action sacrée, c'est-à-dire de l'offertoire à la communion, les uns laissent le calice et l'hostie découverts, d'autres couvrent le calice d'une pale, d'autres encore, dont toi, recouvrent les deux par le grand corporal, appelé ici « pannus complicatus instar sudarii »?

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=