BASA
294 R. Amiet Il est vrai qu'à cette époque, en 1791, la fête de saint Anselme était, dans le diocèse d'Aoste, une fête de précepte. Sept ans plus tard, en 1798, elle fut, en même temps qu'un certain nombre d'autres, supprimée comme fête de précepte. Mais le diocèse d'Aoste ne tint aucun compte de cette suppression: il continua à chômer la fête de son cher saint. Le diocèse d 'Aoste tout entier a voué à ce saint un culte spécial». Concluons. La grande figure d'Anselme, enfant de la Vallée d'Aoste, abbé du Bec et archevêque de Cantorbéry, nous a permis de prendre conscience ce soir de l'importance que peut avoir dans le développe– ment du sens de Dieu, du sens religieux et du sens chrétien le culte qui est rendu à Notre-Seigneur par la liturgie. Or, pour nous chrétiens, la liturgie est essentiellement la célébration de !'Eucha– ristie, car, selon la forte parole de mon maître le Père de Lubac, « si l'Eglise fait l'Eucharistie, c'est !'Eucharistie qui fait l'Eglise », dans une communion fraternelle des croyants en Jésus-Christ. Je souscris donc pleinement à l'admirable formule de Khomiakov: « Celui-là seul comprend l'Eglise, qui comprend la liturgie ». Dans cette dernière, on sent battre le coeur de l'Eglise. Dans la prière qui s'élève jusqu'au trône de Dieu, dans la plénitude de la grâce qui descend sur les fidèles, on saisit la respiration du corps mystique du Christ. Mais si l'essence de cet échange de prières et de grâce est absolument identique et invariable, il faut ajouter que, selon les lieux et les temps, les formes de la liturgie sont par nature soumises à une continuelle évolution. La diversité des races et des langues, le génie propre de chaque peuple sont pour elle des principes de variations nécessaires. En outre, elles sont si intimement liées à l'histoire extérieure du monde et de l'Eglise, au développement du sentiment religieux, conditionné lui-même par les événements histo– riques, qu'elles subissent perpétuellement les plus fortes influences modificatrices . A cette évolution de la liturgie on peut appliquer, et dans le sens le plus profond, le vers admirable de Faust, où le génie du grand aUemand Goethe dit de la puissance mystérieuse de la nature: Wirkte der Gottheit lebendiges Kleid.
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