BASA
LVIII Lin Colliard Toujours prêt à rendre service, très sensible au plus modeste envoi, au moindre geste d'encouragement pour son travail passion– né, M. Pignet se plaignait amèrement - et avec raison - de cette indifférence culturelle qui semblait demeurer, jusqu'à ces derniers temps, une des caractéristiques de l'ambiance valdôtaine. Le manque d'intérêt, l'apathie et une sorte de « fin de non-re– cevoir » de la part d'une grande partie de la classe cultivée pour ce qui a trait à la culture régionale, le désert absolu dans lequel s'ef– fectue souvent le travail de l'érudit local, le décourageaient. L'in– sensibilité de certains milieux de notre société qui se prétendent cultivés, jointe aux proclamations fanfaronnes des différents mou– vements politiques à la veille des compétitions électorales, vantant à tort et à travers la suréminence de la « civilisation valdôtaine », le dégoûtaient profondément. Bien différente - il faut l'avouer - était la réponse (parfois marquée au coin d'une critique honnête et scientifiquement fondée), qu'il recevait des milieux spécialisés et des érudits du Piémont, de la Savoie et de la Suisse, où ses études, à l'encontre de ce qui ar– rivait au Val d'Aoste, suscitaient l'écho qu'elles méritaient. «Les Valdôtains sont "meut" (muets)», se plaisait-il à me répéter souvent. Comment lui donner tort? En dépit des efforts considérables et méritoires ·effectués par l'Administration Régio– nale et par nos Institutions culturelles, en vue d'élever le ton de no– tre culture régionale en la dotant de moyens plus appropriés et modernes, cette stagnation intellectuelle risque de provoquer chez nous, à brève échéance, un désastre irréparable. Notre Vallée connaît aujourd'hui un boom éditorial inimagina– ble. A Aoste se multiplient des conférences d'un degré scientifique élevé. Notre Pays produit des ouvrages excellents, ayant trait aux différentes branches de la culture locale, mais ces ouvrages sont appréciés surtout dans les milieux qualifiés de l'étranger: « ce qui constitue pour nous - précisait M. Pignet - une mortification (à rebours) intolérable ». Il affirmait encore: « Les Valdôtains collectionnent, mais ils ne lisent point». Nous sommes pleinement de son avis. Les Val– dôtains doivent devenir des lecteurs conscients, responsables et
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