BASA

Dialogue de l'agriculteur 119 phaner choses saintes. Et, nous acomodant au lieu et au temps, attendant quelque lapidaire qui en face (sic!) bonne emploite, porsuivons l'encomencé. Et, puisque nostre affinité ainsi le requiert, voions d'apointer l'affere en nous comuniquant charitablement ce que chacun de nous a ·de propre. Car, ni vous sçauriez [ P] comme asseurement conserver vous (sic!) ·fruicts autrement, ni moy m'entretenir sans iceux. Nous separant clone des extremes, qui sont tousjours à fuir, et laissant à parler des grands, auxquels apertient fere choses grandes, on pourroit como– dement se servir du proverbe italien: « Casa quanto copri! », sans delaisser la necessaire restauration des edifices. L'agriculteur: Ouy! et « Campagna quanto vedi! », si elle ne fUt icy limitée, en quoy est mon desavantage; et le pis qu'il y faut aller chercher la fertilité un peu bien profond! Le fabricateur: C'est là où sont cachéz les tresors, disoit un père à ses enfants (de sa vigne). Mais il semble que je vous voie recreu avant avoir mis la main à l'ceuvre. Seriez-vous pour vouloir changer d'advis en si peu d'heure? L'agriculteur: Non, certes, combien que l'aspretté de la peine soit grande, l'amenité de l'air m'y convie. Et faut, chacun obtemperant à la divine ordonance, tascher de vivre en travaillant et ne sçavoir en quoy plus sincerement m'apliquer, si par fortune il ne nous semblàt que deussions plustot nous entremettre au gouvernement public, come l'estat le plus honorable. Le fabricateur: Il est vrayement, mais aussi le plus dificile; et, à bon droit, il merite l'eminence par sus toute autre vacation temporelle, s'il est bien administré; en quoy consiste le tout mesm'en ce siede depravé, celui est à marqu~r pour merveille qui s'y peut dignement comporter et ne se laisse emporter comme les estoilles que !'on nomme errantes au mouvement violent du premier. Mobile. Et n'y a moien de bien fere parmi tant de desordres et durant ces maniemens si interesséz qui renversent tonte forme par cy devant usitée, sinon avec l'evangelique observance, en tolerant le tout, patiemment voir de s'aquerir le centuple. Chose qui m'a suadé de continuer après mes fabriques, où je vois reussir, par le moien des [2r] outils que j'emploie, la besoigne à mon dessein; en quoy je me sens content et consolé, ainsi que pour semblable fin se meut tout agent qui naturellement, sans cella, soudain lairroit d'operer. L'agriculteur: Vous avez touché une raison si legitime d'escuse, que je m'en veux prevaloir, car elle nous est comune et ne sçaurions mieux choisir que de perseverer à nos premieres entreprises. Veu qu'outre le besoin, com'a esté dict, et l'hazard qui suit ordinairement tonte mutation, il y a de la recreation grande, pour le plaisir (et y deut-on apouvrir) que chacun prend (où il n'y a fort objet qui le traverse) à voir de sa main produire quelque chose advenante. Mais, de plus, ce vous est un'ins– truction à vous d'user bien de la regie et compas, en toutes choses, en sorte

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