BASA

L'église et la paroisse de Chdtillon 267 Quittons le seuil de cette église antique, où nous avons laissé un peu de nous-mème . Examinons son enceinte extérieure et arrètons– nous au-devant de ce grand clocher écaillé, fìèrement drapé dans sa cuirasse séculaire. Voyez-le camme il s'élance vigoureusement dans les airs , d'où sa belle croix dentelée domine de sa hauteur vertigineuse quarante hameaux émaillant le penchant des collines. Ne vous parait-il pas un vétéran des àges ou un monstre de pierre que le temps ou les intem– péries ont attaqué en vain, témoin impassible du renouveau éternel de la nature et des hommes ? Voyez, chaque arceau de cette échauguette supporte une statue rustique qui semble se prolonger dans l'infìni du ciel. C'est camme la main de Dieu veillant sur son peuple. Quant à nous, nous n'avons jamais vu sans tressaillir les sveltes campaniles de nos villages émergeant du milieu des bosquets de chà– taigniers et de sapins. La vue de ces clochetons aigus, mouchetant les ondulations de nos coteaux camme des touffes de laine blanche, nous a toujours frappé, et nous avons pensé avec joie que nous avions là, sous l'étendard du Christ , une famille de frères et d'amis unis par les mèmes liens de religion et de patrie . Cela téconforte un peu. Entendez maintenant les volées solennelles de notre bourdon et les notes joyeuses de nos carillons harmonieux s'échappant gaiement des baies noircies de notre clocher. Ne vous sentez-vous pas ému lorsque , vers l'heure du pardon parviennent à vos oreilles les tinte– ments mélancoliques de l'angélus portant au laboureur le souvenir de Dieu dans la paix de la grande nature , ou lorsque des coups prolongés que l'éternité parait égrener annonce au mortel I'heure qui n'est plus? La cloche du pays laisse dans l 'àme des vibratiorn, qui ne meurent pas. Aussi lorsque j'entends les sonneries des villes ou le carillon des villages , je m'en emplis les oreilles et je jouis délicieusement, mais je dois bientòt dire : « Elles ne chantent pas camme celles de mon pays ». Il me souvient, j'étais enfant alors, que la sonnerie de notre