BASA

104 Lauro A . Colliard montagne, ce compagnon des travaux, ce chien enfìn le plus respectable de son espèce 32 . En descendant vers Aoste, l'ancienne « Augusta Praetoria », Valéry remarque que cette vallée conserve longtemps les traits principaux de la nature alpine, tels que torrents, forets, rochers, cascades, abimes, au fond desquels gronde la Doire 33 . C'est le mème paysage, ajoute-t-il en passant, qui figure « dans les divers ouvrages » de Xavier de Maistre, qu'il n'hésite pas à défìnir camme «le barde de cette petite contrée » 34 • Cette allusion évoque en nous le souvenir du lépreux qui s'écrie, en contemplant du seuil de sa tour délabrée, l'amphithéàtre alpestre vers lequel tendait son esprit inquiet: Quoique la puissance de Dieu soit visible dans la création d'une fourmi, comme dans celle des hautes montagnes, cependant je ne puis contempler ces masses énormes recouvertes de neiges éternelles, sans en éprouver un éton– nement religieux 3 5. Ce qui frappe le plus Valéry, à Aoste, c'est la colonne de pietre, surmontée d'une croix, rappelant la fuite de Calvin, par Ollomont 32 Ibidem, p. 23. 33 Ibidem, p. 23. 34 Ibidem, p. 23. Sur la piace que le Val d'Aoste occupe dans la vie et dans l'reuvre de cet officier savoyard, qui deviendra par la suite Général de l'armée russe, cf. LIN CoLLIARD, La culture valdotaine à travers les siècles, Aoste, I.T.L.A,. 1976, p. 184. 35 Cf. XAVIER DE MAISTRE, Le lépreux de la Cité d'Aoste, Introduction d'Aimé Berthet, Aoste, Imprimerie Valdotaine, 1957. Depuis 1837, huit éditions du Lépreux ont vu le jour au Val d'Aoste : très recherchée par les bibliophiles, la VII<, qui a été réalisée par Silvio Pellini, est tout à fait remarquable par sa préface et ses notes, ainsi que par sa traduction italienne (en appendice) due à la piume d'un historien et homme d'Etat turinois bien connu, le comte Cesare Balbo. Cf. aussi AIMÉ BERTHET, Mémoires de François Gaspard (avec plusieurs extraits du journal de l'ordonnance de Xavier de Maistre, Aoste, Impri– mer~e Valdotaine, 1956).