BASA
Antoine-Claude Valéry 107 d'Auguste, et l'espèce m'a semblé là bien plus dégradée, bien plus décrépite que les monuments de dix-huit siècles 48 • Comme vous voyez, Valéry fìnit par attribuer au Val d'Aoste, sans trop se soucier de la vérité, une « population de crétins et d'albinos ». Est-ce là une flèche du Parthe? ou plutot une attitude romantique visant à créer des effets pittoresques à tout prix, par des touches « grotesques », où le beau s'oppose au laid? Quel rapport y a-t-il, à ses yeux, entre l'écriture comme voyage et le voyage comme écriture? ou mieux encore entre l'imagination et le style, entre la fiction et la réalité? En tout cas, réjouissons-nous: si quelques cas valdotains d'hypo– fonctionnalité thyroi:dienne fìgurent encore dans certains manuels de Médecine 49 , les clochards valdotains qui en étaient atteints sont heureu– sement disparus de notte région autonome, qui jouit à présent d'un des plus hauts revenus par habitant de la Communauté Economique Européenne. Grace aux lumières de notte collègue Bernard Janin 50 , de l'lnstitut de Géographie Alpine de l'Université de Grenoble, nous sommes à meme de préciser qu'il n'y avait pratiquement pas de ces malheureux dans les vallées latérales: on n'en trouvait que dans les villages jalonnant la route des Gaules, et après tout leur pourcentage, un pour cent, était bien inférieur à celui des autres régions alpestres 51 • 48 Cf. VALERY, Op. cit., p. 24. 49 Cf. MARIO UMBERTO DIANZANI, Trattato di patologia generale, Turin, U.T.E.T. vol. II, 1970, pp. 397-398. so Auteur d'un ouvrage fondamenta!, Une région alpine originale: le Val d'Aoste. Tradition et renouveau, Grenoble, Allier, 1968. Seconde édition, revue et augmentée, Aoste 1976. 51 Pratiquement absent dans les Alpes orientales, le crétinisme était répandu, depuis bien longtemps, sur les deux versants des Alpes occidentales, et meme dans le Valais, selon J. SIMLER, Vallesiae descriptio (1591) . Pour plus de ren– seignements sur ce sujet, cf. le Rapport de la commission créée par S. M. le Roi de Sardaigne pour étudier le crétinisme (Turin, Impnimenie Royale, 1848, avec 9 planches), et le rapport du médecin en chef du duché d'Aoste, baron Emmanuel Bich, sur le traitement des enfants crétins (Turin 1854).
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