BASA

108 Lauro A. Colliard Par aiìleurs, il faudrait encore ajouter à cette mise au point que fort heureusement les Valdotains n'ont jamais été conditionnés par un faux esprit puritain: au lieu d'enfermer ces malheureux à l'Hospice de Charité, fondé à Aoste dès 1683 52 , ils préféraient les garder chez eux, dans leur propre milieu, annonçant ainsi les théories socio– médicales d'aujourd'hui. En vérité, il est curieux que Valéry mélange et confonde les « crétins » avec les « albinos », qui ne sont aucunement des handi– capés mentaux, mais il est encore plus curieux que cette foule de pauvres hères, toute cette « espèce humaine », « dégradée » et « dé– crépite », se soit donné rendez-vous - en plein hiver - sous l'Arc d'Auguste, donc au-dehors de la ville, et juste au moment de l'arrivée du bibliothécaire de Versailles. Cela est d'autant plus étrange, j'allais dire incroyable, que chez nous on n'a jamais songé à confìer à la garde des albinos les débiles mentaux de notte ville-capitale, ni les idiots et les rachitiques! Par contre, Valéry n'a déniché, paraìt-il, pas un seul goitreux au Val d'Aoste 53 , ce qui nous surprend de plus en plus: il a donc raté une excellente occasion d'épater ses lecteurs, à nos dépens. Il aurait du chercher davantage ou mieux se renseigner! Peut-étre trop pressé de descendre vers Turin, où l'attendait un fìdèle ami de Balzac, l'abbé Gazzera, Bibliothécaire de l'Université 52 Par un riche mécène, le trésorier du Duché Boniface Festaz. 53 C'est un autre fléau sooial qui sévissait surtout dans les Alpes occiden– tales: le premier qui en parie est sans doute Viitruve, dans son traité De Archi– tectura, dédié à Auguste, où il affirme que chez les Médulles (c'est-à-dire en Maurienne) il y avait «une eau qui donne le goitre à ceux qui en boivent ». Dès Iors; ce célèbre architecte romain s'était rendu compte que vraisemblable– ment l'hypertrophie de la thyroi:de es:t la conséquence du manque d'iode dans l'eau de fonte des neiges, principale boisson des montagnards.