BASA

Antoine-Claude Valéry 115 indifférent le bibliothécaire de Versailles, qui parait incapable d'élever les yeux au ciel, comme l'auteur du Génie du Christianisme, pour admirer le jeu des nuages qui drapent les bois et les sommets: Les monts - écrit I'« Enchanteur » - semblent fuir derrière ce rideau mobile: ils se cachent et se découvrent tour à tour; tantòt un bouquet de verdure se montre subitement comme une lle suspendue dans le ciel; tantòt un rocher se dévoile avec lenteur, et perce peu à peu la vapeur profonde comme un fantòme. Le voyageur attristé n'entend que le bour– donnement du vent dans les pins, le bruit des torrents [ ... ] et quelquefois le sifHement de la marmotte effrayée qui a vu l'épervier dans la nue 76 • Par contre, on trouve chez Valéry de nombreux renseignements touristiques, parfois très utiles, sur la population d'Aoste - qui s'élevait alors à 6.400 habitants 77 , sur le prix du voiturier et du logement, sur les maitres de postes et leurs postillons, sur le gibier qui attirait meme les chasseurs ultra-montains: La Vallée d'Aoste, avec ses forets de sapins et de mélèzes est un très beau pays de chasse. Des Suisses, des Savoyards s'y rendent pour jouir de ce divertissement, et des amateurs y viennent meme de Turin 78 • La chasse s'ouvre à la mi-aout par les faisans, les grives et les perdrix qui peuplent les bois. Après les vendanges, on chasse le lièvre, qui g!te abondamment dans les vignobles, et à la fin d'octobre, Ies bécasses et les bécassines dans la plaine 79 • Notte voyageur a la chance de descendre dans une « bonne auberge », « avec table d'hote à 2 francs 50 » 80 : il s'agit de «La Corona Grossa » 81 , où il a la possibilité de se rendre compte person– nellement que 76 Cf. CHATEAUBRIAND, Op. cit., p. 92. 77 Cf. VALERY, Op. cit., p. 23. 78 Plus tard, Champorcher deviendra la réserve royale de chasse de Victor- Emmanuel II. 79 Cf. VALERY, Op. cit., p. 23. 80 Ibid., p. 23. 81 Pour ajouter une certaine couleur locale ?• sa description, Valéry n'hésite pas à traduire en itaHen le nom de son « auberge », c'est-à-dire l'anoien hotel de la « Couronne », Place Chanoux (Aoste), aujourd'hui démoli pour faire place

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