BASA

120 Lauro A. Colliard gne, « frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui » 101 : très pris par ses fonctions officielles et trop sollicité par ses éditeurs 102 , cet anecdotier n'a ni le temps ni l'inspiration pour s'élever, par une suffi– sante connaissance directe des gens et des choses, au-dessus du banal, du contingent, de l'éphémère, des lieux communs, des considérations parfois gratuites, qui font tort à son travail acharné. Soutenu par son seul talent de divulgateur, il exploite adroitement toutes les ressources de la Bibliothèque de Versailles 103 pour bacler quelque dizaine d'ouvrages. Si, au point de vue littéraire, ses élucu– brations ont charmé, par leur style, leurs trouvailles, leurs impres– sions pittoresques, leur frémissement lyrique, la plupart de ceux qui rèvaient de pouvoir un jour descendre en Italie, elles demeurent cependant bien loin, quant au fond, aux jugements et aux réflexions critiques, du ]ournal de voyage de Montaigne et des Lettres d'Italie du Président de Brosses, ainsi que de La Vallée d'Aoste d'Edouard Aubert 104 , qui garde encore aujourd'hui - après 120 ans - toute sa valeur et toute son actualité. Doué d'une imagination débordante, ainsi que du sans-gène et des préjugés d'un Tartarin de Tarascon défì.gurant notte réalité ethnique et historique, Valéry n'a - en défìnitive - rien appris d'utile ou d'intéressant à ses lecteurs sur le Val d'Aoste: il n'a pas mème contribué à leur donner l'envie de visiter ce petit duché francophone, riche en merveilles, et qui - à l'époque de son arrivée chez nous - était encore politiquement uni à la Savoie. 101 Cf. Essais, livre I, eh. XXVI. 10 2 En 1846, un an avan.t sa mort, cet infatigable bucheur publie encore la correspondance ~nédite (en 3 vol.) de deux célèbres bénédictins français avec plusieurs hommes de lettres italiens: Jean Mabillon, père de la paléographie, et Bernard de Montfaucon, auteur du Diarium italicum. 103 Sur les nombreuses sources italiennes de sa documentation littéraires, cf. FRANCA SBOARINA, Les voyageurs français en Italie, in «Culture Française », n° 5 (1978), pp. 194-197. 104 Dédié à S.A.R. Amédée de Savoie, due d'Aoste, cet ouvrage, publié par souscription, fut très bien .accueilli chez nous et valut à son auteur d'etre proclamé en 1861 « citoyen honoraire d'Aoste ».

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