BASA

198 A. Donnet du Trient où se sont affrontés, en 1844, partisans de la Vieille et de la Jeune Suisse. En revanche, Jean-Pierre Squinabol manifeste à maintes reprises son attachement, comme celui de ses frères et sceurs, à ses parents, et fait grand éloge de son père et de sa mère: il évoque la solidarité des membres de sa famille, leur sobriété, leur vif sentiment religieux, l'entraide que leur apportent les gens du pays quand la famille se trouve dans une condition misérable . Enfìn, il convient de souligner qu'en dépit de la surprise - et peut-etre de la jalousie - qu'a suscité le mariage d'une fìlle de Salvan, d'une famille aisée, avec un « étranger », celui-ci s'est intégré sans difficulté majeure dans la société fermée que constitue une commu– nauté alpestre, à tel point qu'à la mort de Jean-Charles Squinabol, en 1836, un grand concours de peuple l'a accompagné au cimetière, et un vieillard de Salvan « n'a pas manqué, écrit avec simplicité son fìls, de faire sur sa tombe aux nombreux assistants un joli discours sur la vie exemplaire que le pleuré et bien regretté défunt avait tenue continuellement... » . En bref, ces « mémoires » ou « chronologies » de Jean-Pierre Squinabol sont d'un vif intérèt pour ceux qui, en marge de l'histoire officielle, désirent apprendre, d'une manière concrète et de première main, comment les petites gens se débrouillent au début du XIXe siècle; connaitre les difficultés qu'ils rencontrent pour subsister en altitude; savoir leurs déplacements dans la recherche d'un emploi, qui les entraìnent à franchir cols et montagnes en toutes saisons de l'année; apprécier leur patience et leur ténacité à se pourvoir d'un logement qui leur appartienne; appréhender les relations entre parents et enfants, comme celles, cordiales, qu'ils entretiennent avec les habitants de leur commune de domicile. Gràce à des textes de cette nature, on plonge dans la réalité quotidienne du pays; le passé devient ainsi soudain tout proche . * * *

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