BASA

Histoire de Jean-Charles Squinabol 217 Comme cette pauvre mère ne pouvait plus aller implorer la charité publique, elle a du engager ses deux fils ainés 56 à prendre cette besogne malgré leur répugnance, et qu'ils firent jusqu'au prin– temps de 1818, parcourant continuellement le Bas-Valais, mais non dans leur commune vu leur gene; ici, ce fut les deux plus jeunes 57 qui y allaient. J'aime et je dois rendre bonne justice à ce bon peuple du Bas– Valais, car pendant l'espace de trois années que les membres de cette famille ont fait ce métier ils n'ont rencontré que partout de bonnes et charitables gens. Mais comme les années étaient si mauvaises et critiques, une bonne pattie du monde avait à peine pour eux, cela faisait que fort souvent ils ne trouvaient pas grand-chose et, pour preuve de cela, je ne citerai qu'un seul fait: Une fois, au printemps de 1817, venant de faire une tournée depuis Ardon et Vétroz, passant par Leytron, nous furent [sic] coucher (les deux frères ainés) à Mazembroz, village de Fully, dans une écurie sur de la dépouille de chataignes et sans avoir presque [rien] mangé de la journée, n'ayant dans les sacs que quelques pommes de terre crues; la nuit fut très longue vu le froid qu'il faisait dans cette mauvaise écurie; le lendemain on avait espoir de trouver quelque chose à manger, mais après avoir eu parcouru le village et les autres pays nous avons du nous mettre en route pour la maison sans trouver la moindre assistance, dont pour nous òter la faim nous avons du manger des pommes de terre crues, et avec bien des peines avons-nous pu arriver à la maison tellement nous étions dénués et abattus. A peine arrivés auprès de cette bonne mère qu'on lui raconta ce qu'il nous était survenu; alors ce fut un moment bien triste, car à ce récit la pauvre mère resta immobile et saisie d'une sueur froide, en versant des larmes de compassion. Alors elle s'empressa de ramasser des herbes par les prés pour faire cuire avec du son de froment en 56 C'est-à-Oire Jean-Pierre et Maurice-Joseph Squinabol. 57 C'est-à-dire Gharles et Marie-Rosine Squinabol.

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