BASA

XLIV Académie Saint-Anselme En l'esquissant, je ne prétends point toutefois entrer dans le mérite de son activité scientifìque, en dresser un bilan, et moins encore évaluer dans le contexte des différentes disciplines, l'apport concret de son reuvre. Tout ceci serait prématuré. Depuis son adolescence, Pierre Frutaz possédait le gout de l'éru– ditio,n. Il est très difficile d'expliquer la genèse de certains penchants, de certains attraits, de certaines vocations. Il arrive probablement pour cette tendance vers la recherche érudite, ce qui se produit pour la poésie, la musique, l'art. On nait érudit, svant de le devenir, camme on naìt poète, musicien ou artiste. « Il dolce tarlo », de la recherche de l'ancien, est bien souvent quelque chose d'inné, que des circonstances favorables, une instruc– tion soignée, font éclore plus tard, au grand jour. On lit dans les biographies des grands érudits du passé, depuis Erasme et Trithemius jusqu'à Mabillon et Muratori, que cette attraction pour les vieilles choses, les détails inédits, les parchemins jaunis, les inscriptions mystérieuses, les anciennes médailles, s'était révélée, chez eux, dès leur enfance. Or, je sais positivement que le jeune Pierre, tout en n'appartenant pas par tempérament (lui qui avait escaladé le Cervin!), à la gent solitaire et un peu mélancolique, des rats d'archives et de biblio– thèque, en partageait cependant le gout étrange, mais délicieux, des investigations curieuses et rares. Cette vocation érudite, à laquelle ne devait pas demeurer étran– gère la tradition et la suggestion puissantes des élites culturelles de Torgnon représentées par les Gal, les Frutaz, les Lucat, les Vesan, les Chatrian, devait se perfectionner au Grand Séminaire d'Aoste. L'abbé Frutaz s'appliqua avec diligence à l'étude de la science sacrée; mais plus que les disciplines théologico-canoniques et scrip– turaires, ce furent, tout naturellement, l'histoire ecclésiastique, la liturgie et sciences annexes qui attirèrent l'attention du jeune lévite. Nous reviendrons plus tard sur cette période de sa vie, car elle constitue une étape essentielle dans la formation et le développement de son érudition ecclésiastique et locale. Le fait qui a marqué « la grande svolta » dans la vie de notre

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