Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

130 Lin Co/liard A cela se rattache l'idée brillante et audacieuse qu'il conçut d'un «Familiaire valdôtain», vaste travail d'équipe où seraient relatés «l'origine ou du moins l'ancienneté de nos familles, leur ramification dans la Vallée, leur émigration lointaine, l'arrivée des familles nou– velles, soit l'immigration étrangère chez nous, les mérites spéciaux et la physionomie particulière d'elles toutes, les belles figures religieu– ses, civiles et militaires de chacune d'elles, la cause de leur prospérité ou de leur décadence, leur histoire en un mot» 11 • Son projet d'une Histoire valdôtaine en douze volumes parut à son temps utopique, car l'histoire ne s'improvvise point et dans la Vallée d'Aoste de 1930 manquaient réellement les spécialistes qui auraient pu s'atteler à une telle besogne. Beaucoup plus à propos, Trèves encouragea de son mieux les études sur la toponymie et la dialectologie valdôtaine; il se fit le pionnier du chant choral et réalisa même un chansonnier valdôtain: Valdôtains chantons.' paru à Turin en 1932, et récemment réédité. La conservation de nos vieux documents a constitué un des principaux soucis de notre abbé. «Nos archives? Un assemblage souvent désordonné de rares documents survécus aux ravages des incendies, des guerres, des pestes, à la rapacité éhontée et à l'igno– rance crasse d'héritiers, sans honneur et sans conscience, et parfois, disons la vérité, à la négligence déplorable de quelques rares curés inconscients de leur devoir» 12 • La numismatique non plus n'a pas été étrangère à ses préoccu– pations (Cf. Lettre CXLVI). Tous ces motifs reviennent continuellement et parfois d'une façon exaspérante dans ses lettres à Félicien Gamba. Posons-nous à présent un·e question: pourquoi cet engouement de Trèves pour l'histoire? Pour qui a-t-il écrit? La réponse est simple : pour les jeunes. A l'égard de ces derniers, Trèves part d'une consta– tation qui n'a pas complètement perdu son actualité, à savoir que la nouvelle génération ignore l'histoire de notre Vallée. «En général, se plaint-il, elle méprise notre passé, parfois même elle le renie». «Les 11 Ecrits, cit., p. 87. 12 Ecrits, cir., p. 119.

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