Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

Etudes d'Histoire Valdôtaine 183 française ont joué chez Bréan un rôle prépondérant; Bloy, Bernanos, Maritain, Levaux, Rops, ont marqué profondément son oeuvre. Or, tout en constatant sa nette prédilection pour le catholicisme pro– gressiste, il ne serait pas malaisé de découvrir dans Bréan plus d'une trace d'intégrisme catholique. Sa critique de l'individualisme de la Renaissance, sa valorisation du Moyen âge chrétien et «social» et du rôle de la Papauté, tout en se retrouvant aussi dans l'Humanisme intégral de Maritain, relèvent directement de l'école intégriste ca– tholique des XIX• et xx• siècles, depuis le Du Pape de Maistre et le Saggio teoretico di diritto naturale du jésui.te Taparelli d'Azeglio, jusqu'à Gilson et à Toffanin. Ses réserves sur des phénomènes aussi imposants que la Révolu– tion française ou le «Risorgimento» italien en disent long de cette formation de type clérical. Comme chez Trèves, il n'y a rien dans Bréan qui fasse supposer le catholique «libéral» genre Orsières, ou le «moderniste», au sens proprement théologique du mot. A l'instar de l'humble curé d'Ex– cenex, sa foi cristalline est marquée au coin de la plus pure ortho– doxie. Ainsi toute trace de gallicanisme ecclésiastique et de loyalisme monarchique\ deux éléments secondaires si l'on veut, mais qui ont compté dans la Tradition valdôtaine des siècles passés, est-elle ab– sente, pour des raisons différentes, dans la pensée de Bréan. Une ultérieure composante de celle-ci qu'on n'a point le droit de négliger, est constituée par la somme de la doctrine fédéraliste que Bréan a dérivée des auteurs les plus engagés du xx• siècle, franco– suisses surtout, et qui lui a ouvert des horizons tout à fait nouveaux. Nul doute que si Bréan eût vécu l'expérience de Vatican II, il n'eût été le partisan coinvancu de l'oecuménisme et n'eût applaudi à la redécouverte de la théologie de l'Eglise locale et à la reviviscence des droits des Eglises particulières, piétinés par des siècles de centra– lisation ecclésiastique. ' A vrai dire, le chanoine Bréan se montra un fervent loyaliste jusqu'en 1941 environ. Voir, à ce sujet, son essai sur 1Beati di Casa Savoia publié en appendice à Il Jibro della fede de ]. Boson, Padova 1941 , pp. 585-597.