Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

188 Lin Co/liard L'Eglise d'Aoste a fait partie, jusqu'au XIXe siècle, de l'Eglise gallicane à cause de sa dépendance, depuis la fin du vnr siècle, de la métropole de Tarentaise. Par conséquent, elle a partagé pendant longtemps les droits et les privilèges dont jouissait l'Eglise mère. Ce système de droits, de privilèges et de libertés qui caractérisait l'Eglise de France est connu sous le nom de Gallicanisme. L'histoire a connu deux sortes de Gallicanisme: l'un pratique et disciplinaire, l'autre doctrinal et théologique; ce dernier, qui rejetait l'infaillibilité du ·Pape, en s'alliant aux théories conciliaristes sur la juridiction ecclé~iastique, a été banni de l'orthodoxie catholique par les définitions dogmatiques de Vatican rer. Jusqu'alors il représentait une opinion théologique au sein du Catholicisme. Quant au Gal– licanisme «pratique», il pourrait être défini comme une tendance des Eglises locales à conserver une relative autonomie vis-à-vis du processus de la centralisation romaine. Ce type de Gallicanisme n'est rien d'autre que la défense des droits d'une Eglise locale, autonome dans sa vie intérieure, fidèle à ses traditions anciennes de piété, de vie liturgique et disciplinaire, bref à la culture chrétienne qui lui est propre. Il s'agit, quoique cela puisse paraître absurde de prime abord, d'un universalisme, mais d'un universalisme concret qui se fonde sur la diversité et la richesse des territoires chrétiens gardant leurs tradi– tions; sur la multiplicité des Eglises locales, différentes entre elles et qui ne sont, pourtant, que l'Eglise une, sainte, catholique et sur la conscience, enfin, que la juridiction exercée par le Premier Siège dans la charité ne peut signifier une emprise absolue et un mépris des traditions locales légitimes. Un autre principe auquel le Gallicanisme «pratique» attachait beaucoup d'importance, était l'affirmation que le Pape et l'autorité ecclésiastique en général ne doivent pas s'ingérer dans les affaires relevant du temporel et de la politique contingente. L'Eglise d'Aoste a pratiqué longtemps ce type de Gallicanisme «pratique»; depuis le XV< siècle jusqu'à la première moitié du XIX<, il constitua même une des caractéristiques saillantes de notre Eglise. Par contre le Gallicanisme doctrinal ou théologique a eu en Vallée d'Aoste un retentissement beaucoup plus limité.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=