Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985
258 Lin Co/liard Il s'alarme de la destruction progressive de nos forêts ; il soulève le problème de l'émigration, invitant les paysans à «quitter leur foyer durant une grande partie de l'hiver et aller dans les pays étrangers gagner leur subsistance» . Avec des visées presque modernes, il rap– pelle l'attention des autorités sur les débordements croissants de la Doire. Dans la Feuille d'Annonces, il publie toute une série d'articles dont voici quelques titres : «Améliorations à introduire dans la province d'Aoste», «Sur l'instruction des femmes», «Sur les voya– ges», «Nécessité de-la fondation à Aoste d'une bibliothèque publi– que et d'une Académie littéraire». Il insiste sur la nécessité de répandre davantage l'usage de la langue littéraire, le français, dans les campagnes. Il souhaite la réalisation d'une route charretière par le Grand et le Petit-Saint-Bernard. «La Vallée d'Aoste - écrit-il - deviendrait un entrepôt, un centre commun où afflueraient les Français, les Suisses, les Piémontais». Par ce moyen, «le cercle étroit de nos idées s'élargirait et l'industrie et l'activité viendraient siéger au milieu de nous et y apporter l'abondance» . Il aborde toute sorte de problèmes, il cherche à donner à toute question une solution: c'est en quoi consiste son universalisme et son humanisme. Dans son Coup d'oeil sur le Pays d'Aoste (1841 ) , des fléaux tels que le crétinisme, le paupérisme, l'alcoolisme, sont examinés avec soin ; il s'applique à en dévoiler les causes, à en proposer les remèdes avec un sérieux qui a du sacré, comme si la réussite d'une telle croisade dépendait exclusivement de lui. L'homme aux amples horizons, l'ennemi du fanatisme et de tout sectarisme, des préjugés et des privilèges, le promoteur de l'esprit de tolérance: voila Orsières! Malgré ses ombres, ses ambitions, son égotisme, son humeur acariâtre que la fougue de la lutte et l'in– compréhension des hommes avaient de plus en plus exaspérés, ce lutteur acharné, ce philosophe passionné demeure l'une des figures les plus importantes et vraiment typiques du mouvement intellec– tuel valdôtain du XIX< siècle. Si le ton souvent excessif de sa polémique (et l'on sait combien la polémique tient de place dans son oeuvre), si ses critiques pas toujours objectives, si ses jugements par trop généralisés nuisent à l'exposition d'une pensée particulièrement féconde, il faut bien
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