Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985
Etudes d'Histoire Valdôtaine 301 «Il dolce tarlo», de la recherche de l'ancien, est bien souvent quelque chose d'inné, que des circonstances favorables, une instruc– tion soignée, font éclore plus tard , au grand jour. On lit dans les biographies des grands érudits du passé, depuis Erasme et Trithemius jusqu'à Mabillon et Muratori, que cette attraction pour les vieilles choses, les détails inédits, les parchemins jaunis, les inscriptions mystérieuses, les anciennes médailles, s'était révélée, chez eux , dès leur enfance. Or, je sais positivement que le jeune Pierre, tout en n'apparte– nant pas par tempérament (lui qui avait escaladé le Cervin!), à la gent solitaire et un peu mélancolique des rats d'archives et de bibliothèque, en partageait cependant le goût étrange, mais déli– cieux, des investigations curieuses et rares. Cette vocation érudite, à laquelle ne devait pas demeurer étrangère la tradition et la suggestion puissantes des élites culturelles de Torgnon représentées par les Gal, les Frutaz, les Lucat, les Vesan , les Chatrian, devait se perfectionner au Grand Séminaire d'Aoste. L'abbé Frutaz s'appliqua avec diligence à l'étude de la science sacrée; mais plus que les disciplines théologico-canoniques et scrip– turaires, ce furent, tout naturellement, l'histoire ecclésiastique, la liturgie et sciences annexes qui attirèrent l'attention du jeune lévite. Nous reviendrons plus tard sur cette période de sa vie, car elle constitue une étape essentielle dans la formation et le développement de son érudition ecclésiastique et locale. Le fait qui a marqué «la grande svolta» dans la vie de notre abbé, a été son départ pour Rome en 1933 et la fréquentation des Instituts pontificaux spécialisés. Dans quelque rare moment de confidence, Mgr Frutaz m'a avoué toute la peine et l'effort immense des pre– mières années de son séjour .romain , pour s'adapter à sa nouvelle situation. Le jeune prêtre de 26 ans, qui avait célébré une messe sur le sommet du Cervin, portait avec lui dans la Ville éternelle son âme montagnarde, son caractère extrêmement réservé, qui n'était pas tel à lui concilier des sympathies immédiates. Il lui fallut toute la ténacité et l'application dont il était doué, pour s'insérer brillamment dans ce milieu d'études cosmopolite; trop évident était, de prime abord, le
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