Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

306 Lin Co/liard En ces.derniers mois, on l'a écrit et proclamé hautement : Mgr Frutaz doit être considéré, avec raison, comme l'érudit qui a eu la mission d'élever à la dignité de science l'historiographie valdôtaine., en soumettant les données de notre histoire régionale à une critique rigoureusement scientifique. Non pas que l'historiographie valdôtaine avant Frutaz ne soit pas digne de considération, et qu'elle ne réclame .le témoignage de notre estime et de notre reconnaissance la plus profonde. Bien au contraire! Jamais l'historiographie locale n'a atteint un plus haut période, jamais elle ne s'est élevée à une plus grande splendeur qu'au tournant des XIX< et XX< siècles, avec la «grande école» des Mgr Duc, des F.-G. Frutaz, des P.-E. Duc, des Vuillermin, des Vesan, des Noussan, et pourquoi pas? des Tancrède Tibaldi. Ce qui a fait défaut à cette école de «grands Maîtres», ce n'est ni l'engagement, ni l'extension, ni la vigueur de la recherche, mais cette précision d'ordre méthodologique, ce manque, parfois, de critique, qui demeurent les qualités essentielles, sans lesquelles on ne peut absolument prétendre classer l'histoire locale au rang des sciences. Vers les années 1920-25, tous les Maîtres de la vieille école historique valdôtaine avaient disparu. La période qui va de 1925 à 1955 n'est certainement pas comparable, pour notre historiographie, ·à celle de l'âge d'or (1880-1920). C'est en ce moment que l'abbé Frutaz, qui avait eu l'occasion de connaître et de s'entretenir per– sonnellement avec les derniers représentants de la vieille école (Ves- · coz, Vesan, Noussan,) et qui cultivait de bons rapports avec Mgr Boson et l'abbé Henry, se prit à oeuvrer, dans le silence, pour jeter les bases du renouveau historiographique valdôtain. Celui-ci, commencé par le Congrès historique d'Aoste de 1956, devait se manifester au grand jour les années suivantes, et continuer dans un processus qui, heureusement, on ne peut encore considérer clos. Nous l'avons dit, Pierre Frutaz était né avec le germe de l'éru– dition. Il était tout à fait naturel que l'érudition locale et ecclésias– tique eût bientôt pris dans ses doux replis le jeune séminariste. Celui-ci trouva à Aoste et au Séminaire même, un «sanctuaire» fort bien outillé: la riche bibliothèque fondée au XVII< siècle par cet

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