Bibliotheque de l Archivum Augustanim - 01/05/1985

308 Lin Co/liard solidement fondée, quoique marquée, parfois, au sceau d'une im– perceptible ipercritique. Car c'est belle et bien d'une gigantesque oeuvre de restauration qu'il s'agit, et non pas de démolition, comme, au début, quelqu'un a cherché à l'insinuer. Les contributions scien– tifiques relatives aux vies de saint Ours, de saint Grat, de saint Joconde, du Bx Innocent V, de saint Bernard de Mont-Joux (celle-ci sur les traces des études capitales d'André Donner et de Lucien Quaglia), ont rendu à nos Saints leur véritable physionomie et leurs authentiques titres de gloire. Cette salutaire révision, que tout le monde connaît dans ses lignes essentielles, a reçu sa consécration officielle par son adoption dans le Propre diocésain, et son usage dans la liturgie locale. Ces titres et ces services, suffiraient amplement à recommander notre regretté Président à la reconnaissance de ses concitoyens et des amis de l'histoire valdôtaine. Mais il est un domaine (toujours dans le contexte des études locales), où Frutaz s'est véritablement révélé un Maître, où il a formé et laissé des disciples; c'est celui de la méthodologie historique. La méthodologie présuppose une concep– tion de l'histoire en tant que science, elle implique des connaissances qui ne sont pas purement techniques.' Dans ce sens, Le fonti perla storia della Valle d'Aosta (1966), son ouvrage de plus longue haleine, demeurent avec vraisemblance le texte principal de l'historiographie valdôtaine contemporaine, un instrument de travail, comme l'a remarqué l'éminent historien Jean Leflon dans sa Préface, destiné à opérer un tournant décisif dans les études historiques valdôtaines. Bien entendu, l'importance des Ponti se situe au niveau de la méthodologie générale; on prétendrait à tort y trouver une sorte de manuel spécialisé concernant n'importe quel secteur de la recherche, en particulier ceux qui ont trait à l'histoire socio-économique ou politico-institu tionnelle, disciplines avec les– quelles Mgr Frutaz était moins familiarisé. Il me paraît convenable, à ce point, de souligner un fait impor– tant. Indépendamment même de l'histoire du Val d'Aoste, Frutaz a profondément senti le problème de l'histoire locale en général, et celui de l'histoire des historiographies régionales, en particulier.

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